Rira bien qui rira le dernier


Intrigante et inquiétante, l'exposition collective en place à la galerie Spacejunk a le mérite de pénétrer dans l'univers du cirque par sa face sombre, et avec humour. Et Dieu sait que ce n'est pas tous les jours facile de vivre en saltimbanque, d'être un « freak », d'assumer un statut de marginal… Le cinéma a su nous raconter les déboires pratiques et psychologiques de ces personnages aux grimaces ricanantes, dont la vocation est de faire rire l'audience, la divertir, lui renvoyer la gaieté qu'il lui semble toujours légitime d'exiger – Tim Burton et Terry Gilliam en tête. Si la mélancolie du clown n'est pas chose nouvelle (le triste Pierrot est devenu un motif dans la peinture, classique et moderne), elle constitue encore aujourd'hui une source d'inspiration importante (souvenons-nous de Marnie Weber et de ses clowns flamboyants exposés au CNAC en 2009). Ici, quatre artistes mêlent leurs points de vue pour offrir une approche enthousiasmante car variée. Les peintures grotesques de Sophie Haza côtoient avec un certain bonheur les sculptures de Bullit Ballabeni (boîtes d'imagination et corps d'animaux empaillés sont le support de mini-mondes inspirés de son enfance passée dans le monde du cirque). Quand la série de photos « Circus Depression » du Suédois Peter Lundström séduit par son aspect tragico-clinquant, renvoyant des clowns aux allures de Ronald McDonald dans les méandres des consciences agitées des humains dissimulés sous le costume.

LG

Circus circus, jusqu'au 23 juin à Spacejunk


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