Immigrés, pauvres, gardés à vue, même combat


Bande dessinée / Un demi-siècle après les accords d'Évian, instituant l'indépendance de l'Algérie, les séquelles douloureuses d'une guerre qui n'a longtemps pas porté son nom continuent de hanter les esprits des deux côtés de la Méditerranée. L'auteur de BD Kamel Khélif est de ceux qui veulent se souvenir. Dans Ce pays qui est le vôtre, récit largement autobiographique, l'artiste raconte le quotidien âpre des Algériens arrivés en France dans les années 60. À Marseille, un personnage anonyme, à une époque inconnue qui pourrait être la nôtre, est injustement placé en garde à vue. S'ensuit un long combat de trois ans, celui d'un homme tombé dans la spirale judiciaire qui cherche à prouver son innocence. Khélif appuie là où ça fait mal : il dénonce tour à tour l'absurdité de la garde à vue, l'aveuglement de la justice bourgeoise et, finalement, le rejet des immigrés et des pauvres. Ses dessins en noir et blanc (sauf à quelques exceptions près, quand l'auteur s'autorise des traits au stylo bleu), à l'encre et au fusain, tout en tâches et dégradés, servent moins à raconter l'histoire qu'à mettre en valeur le texte. Reste l'atmosphère pesante, étouffante, de ce roman illustré dont la lecture ne laisse pas indemne.

Rencontre avec Kamel Khélif
mardi 29 mai à 18h30
à la bibliothèque du centre-ville.


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