Punis à tort


Sur quelques grilles dispersées dans le hall de l'Hôtel de ville de Grenoble, sans ordre apparent et sans grande élégance mais qu'importe, sont accrochées les photos de la série Dans mon pays, ma sexualité est un crime. Fruits de la démarche du journaliste Philippe Castetbon, qui, par l'intermédiaire des réseaux sociaux sur Internet, a pris contact avec des homosexuels de tous les pays pour leur demander de lui envoyer un portrait d'eux visage caché, l'initiale de leur prénom, leur pays, et un court texte sur leur sentiment eu égard au rejet social dont ils sont victimes. Défilent ainsi sous nos yeux des dizaines d'hommes, incarnant l'incroyable spectre d'intolérance encore vivace tout autour du globe. Sombre voyage. Pour parfaire l'absurde du tableau, des articles de lois des pays respectifs des hommes photographiés viennent ponctuer leurs textes. Où l'on apprend qu'à Maurice, « toute personne coupable du crime de sodomie ou bestialité sera soumise à une servitude pénale », qu'en Tunisie, « la sodomie est punie d'emprisonnement pendant trois ans ». Autant de décrets honteux qui disent la peur de la différence, confondent allègrement liberté et infraction, et manifestent l'ignorance patente de ceux qui les appliquent. Faisant la honte et le malheur de gens comme S. 27 ans. Syrie, constatant à demi-résigné : « J'aime mon pays, mais mon pays ne m'aime pas. » Laetitia Giry

Les condamnés
jusqu'au 1er juin
à l'Hôtel de ville de Grenoble


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Quand le savoir se transmet