« On est entre deux eaux »

L'année dernière, la majorité des acteurs culturels de l'Isère s'était mobilisée « face au risque d'une troisième année consécutive de baisse des subventions du Conseil général de l'Isère ». La situation était explosive, le Conseil général renvoyant la faute à l'État et à son désengagement. Une situation qui va donc maintenant évoluer ? Jacky Rocher, directeur de la Rampe d'Échirolles et signataire l'an passé de la pétition sur cette question, nous en dit plus.


La situation actuelle : « Il y a eu un rattrapage en 2011, sur à peu près l'ensemble des structures culturelles et des artistes. Mais un rattrapage relatif : en 2011, on n'a pas retrouvé les niveaux de 2010. Et pour quelques structures, ce rattrapage n'a pas été totalement au rendez-vous, voire très peu au rendez-vous : je pense au festival Les Détours de Babel, ou aux Musiciens du Louvre par exemple, bien qu'il y ait eu depuis de nouvelles avancées. Pour l'année 2012, nous savons maintenant à quel niveau nous allons être soutenus par le Conseil général, et pour ce soutien-là, il est très légèrement inférieur au niveau de 2011 – en comptant le rattrapage. Donc une légère érosion à nouveau. C'est pour ça que nous sommes dans une situation d'attentiste. »

L'avenir : « On est là-aussi dans l'expectative. Au niveau national, on sait maintenant qu'il y aura un dégel du budget de la culture, comme l'a annoncé la ministre, alors qu'il était clair jusqu'à la présidentielle qu'il n'y aurait pas de dégel. Au niveau départemental, on est en attente, surtout que l'on voit bien cette lente érosion qui est inquiétante. D'ailleurs, c'est beaucoup plus facile de diminuer très légèrement, parce que nous, on ne peut pas créer la révolution face à de petites érosions. On est donc entre deux eaux, on se voit, on échange, mais on n'a pas de mobilisation publique pour l'instant. »

La vision : « Au bout d'un moment, les élus des collectivités ne pourront plus sans arrêt incriminer l'État. C'est un argument un peu facile, même si évidemment, l'État s'est fortement désengagé ces dernières années. Parallèlement, les collectivités sont confrontées à des problèmes de financement : après, ce sont des choix à faire ! Là, je m'engage plus de façon personnelle, mais je n'ai pas l'impression que les collectivités – je pense à l'État, mais aussi à nos villes qui sont très présentes pour nos financements – fassent de réels choix en terme de politique culturelle. On essaie plutôt de maintenir à la petite semaine... Et ce que l'on peut regretter sur le département, c'est le manque de parole. Il y a eu des concertations il y a environ un an, ces concertations ont été des rencontres un peu unilatérales, et aujourd'hui, on n'a pas d'échanges sur quelle politique culturelle réinventer. »

La compétence culturelle de l'agglo : « Apparemment, il y aurait des concertations. On ne sait pas du tout quelles sont les orientations à venir. On a compris que la Métro [la Communauté d'agglomération Grenoble-Alpes Métropole – NdlR] se posait cette question sur la culture et sur quels types de compétences elle pourrait prendre en charge, mais on n'a jamais été interrogés sur ce sujet. On pense d'ailleurs que les acteurs culturels iront plus vite que les collectivités. On commence à avoir des accords de réciprocité entre les structures, comme entre la Rampe, la MC2 et l'Hexagone, avec une réciprocité totale concernant nos réductions de tarif sur l'ensemble de nos spectacles. À la Rampe, on travaille aussi très en lien avec les nombreux festivals, comme les Rencontres-i, ou encore avec le Pacifique pour le Concentré de danses [la Rampe participera à la deuxième édition, en 2013 – NdlR]. Les acteurs culturels n'attendent pas les élus pour travailler ensemble ! »


<< article précédent
Culture : le changement, c’est maintenant ?