Une seconde femme

De Umut Dağ (Autriche, 1h33) avec Nihal Koldas, Begüm Akkaya...


Ayse quitte son village turc pour se rendre en Autriche, accompagnée de ses beaux-parents et, surtout, de son mari, le jeune fils. Mais sur place, elle comprend rapidement qu'elle est destinée au père, avec de surcroît l'aval de la mère, qui risque de mourir bientôt. Un secret de plus dans cette famille d'immigrés empoisonnée par les faux-semblants. Avec ce premier long-métrage, l'Autrichien d'origine kurde Umut Dağ arrive à retranscrire ce malaise enfoui avec justesse, notamment grâce à des acteurs remarquables qu'il n'enferme pas dans un manichéisme stérile (le père, par exemple, n'est pas dépeint comme un horrible polygame tyrannique). Son portrait d'une famille gangrénée par des traditions présentées comme immuables fait ainsi mouche. Mais il rate de peu le coche du grand thriller social, la faute à un schéma narratif beaucoup trop balisé et linéaire, où les scènes sont entrecoupées de poussives et faciles ellipses. Reste une œuvre troublante et oppressante, à l'image du grand appartement viennois servant de décor principal à ce huis-clos psychologique.

Aurélien Martinez


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