L'éternité a une fin


Les mondes scientifique et artistique se rencontrent plus souvent qu'on ne l'imagine,  comme l'on peut aisément s'en rendre compte à Grenoble – notamment grâce au CCSTI ou encore à la biennale Les Rencontres-i. Cette fois-ci, c'est du côté de l'art contemporain que la symbiose s'affiche. Christiane Geoffroy présente au Vog de Fontaine une série d'œuvres inédites tournant autour de la vaste thématique du changement climatique. Mais plus qu'une exposition militante, l'artiste a pris le problème sous son aspect le plus poétique, en laissant les sensations forcément subjectives prendre le dessus sur l'aspect réflectif. Ainsi, une vidéo associe différentes photos d'un même paysage de l'Antarctique pris à intervalles réguliers, sur un an : le glissement entre les périodes se fait progressivement, la nature se transformant doucement sous nos yeux. On dirait l'éternité... constate Christiane Geoffroy, qui intitule – ironiquement, car c'est cette partie du globe qui est la plus menacée par le réchauffement climatique –  de la sorte son film. La pièce Il y a 30 000 ans, dévoilée en début d'exposition, prend donc un sens différent du simple témoignage : un tube en verre hermétique renferme de l'eau provenant de trois carottes de glace forées en Antarctique il y a trente-quatre ans, l'eau prise au piège à cette profondeur datant donc de 30 000 ans. Doit-on donc s'empresser de la mettre sous verre dès aujourd'hui, comme une relique amenée à disparaître d'ici peu ? Aurélien Martinez

Cryo memory - Christiane Geoffroy, jusqu'au 30 juin, au Vog (Fontaine).


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