Les montagnes du bonheur

Dans un décor très coloré à vous faire décoller les rétines, du 30 août au 2 septembre, de jour comme de nuit, une centaine d'artistes psy trance, dub step et assimilés se suivront sur les deux scènes à flanc de montagne du festival Hadra, à Lans-en-Vercors. Émilie, chargée de communication d'Hadra, nous en dit plus sur ce dancefloor psychédélique en plein air. Propos recueillis par Régis Le Ruyet


Comment est née l'association Hadra ?
Émilie Angénieux : Hadra emprunte son nom à un rituel de danse mystique et symbolique de la communauté marocaine Aïssawa d'où est originaire Driss, l'un des quatre membres fondateurs et mentor de notre association. Au départ, ce sont trois amis qui, après avoir assistés à un festival psytrance en Zambie, ont voulu rejouer cette musique à Grenoble. Pour faciliter l'organisation de leurs soirées, ils ont donc monté Hadra, un mouvement associatif qui, d'année en année, a pris de l'essor. Ainsi, nous fêterons en même temps que la sixième édition du festival le onzième anniversaire de nos activités.

Quelles sont-elles ?
En dehors de la vitrine du festival, nous avons fondé en 2004 un label pour produire les artistes Hadra, à ce titre la compilation Resistrance de Driss marque notre trentième sortie d'albums. Sur un autre plan, nous organisons des ateliers Trancemission pour initier des jeunes du département aux pratiques du djing, vjing, et à la musique assistée par ordinateur. Enfin, nous sommes également très présents sur le département et la région à travers l'événementiel. Il y a trois mois, nous étions au Fil à Saint-Étienne, mais nous sommes aussi invités en Angleterre et en Belgique.

Comment vous êtes-vous retrouvés à Lans-en-Vercors ?
Pour la première édition du festival en 2005, nous avions trouvé refuge à Chorges. Mais en raison d'un conflit avec une partie des habitants, l'année suivante nous avons dû annuler et partir. En 2008, nous avons connu à peu de chose près la même mésaventure à Pontcharra. Rien en 2009, jusqu'en 2010 où, par connaissance de connaissance, nous avons contacté Jean-Paul Gouttenoir, le maire de Lans-en-Vercors, qui a su être attentif à notre appel. La municipalité nous propose un stade des neiges parfait qui nous permet d'être dans le top 5 des festivals européens spécialisés trance.

Comment se passent vos relations avec les Lantiers ?
Une grande partie nous approuve parce qu'en été, cette région manque de dynamisme et nous collaborons au maximum avec des prestataires et associations du plateau du Vercors. Ainsi, l'an passé, nous avons travaillé sur le bar avec l'association Vercorporation, et pour cette session, c'est l'association Mountain riders qui va nous rejoindre – ils font un boulot formidable sur le ramassage des déchets et militent pour une montagne propre. Du parking aux poubelles, nous avons près de trois cents bénévoles, et l'investissement financier direct et indirect est estimé à 270 000 euros. Pour une autre frange, c'est assez conflictuel, il y a une pétition contre le festival, mais nous avons le soutien majoritaire du conseil municipal qui a voté pour la reconduction.

Pas trop dur les rapports avec les forces de l'ordre ?
En 2010, les gendarmes ne savaient pas à quel public s'attendre, et arrêtaient les navettes en plein milieu de la monté de Lans-en-Vercors. Nous avons dû leur montrer que nous étions professionnels et que nos festivaliers étaient des gens comme les autres avec juste l'envie de s'amuser et de passer un moment dans un cadre enchanteur. Sur ce sujet, à la fin du précédent festival, la gendarmerie, la préfecture et la mairie nous ont félicités pour notre collaboration. Car pour nous, c'est aussi et avant tout une question de sécurité et de confort pour le public.

On vous a aussi reproché d'avoir fait partir les oiseaux avec la musique ?
Suite à l'étude qui a été faite par la Ligue pour la protection des oiseaux, nous avons déplacé la date du festival à la fin du mois d'août, c'est une mesure préventive car nous étions en pleine période de reproduction. Or, nous sommes très engagés au niveau environnemental, nous mettons en place des cendriers, des bennes de tri, et nous avons par ailleurs reçu un Greener award, prix qui récompense les festivals européens pour leur volonté écologique. Nous ne voulions pas aller contre ce constat, même si nous ne savions pas vraiment comment le public allait réagir, car c'est près d'un mois et demi de décalage. Après un bon ressenti, ça arrangerait plutôt pas mal de monde.

Festival Hadra, du 30 août au 2 septembre, à Lans-en-Vercors


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