Superstar


Où Xavier Giannoli veut-il en venir avec cette fable où un monsieur tout-le-monde (Kad Merad, choix presque trop évident, même si l'acteur s'en sort avec un certain talent) est soudain considéré comme une célébrité, sans qu'il sache pourquoi ? L'argument, exactement le même que celui du segment avec Benigni dans To Rome with love, est prétexte à une confuse démonstration de la part du cinéaste d'À l'origine. Portant d'abord la faute sur des médias avides d'audience et de clics (savoureuse prestation de Louis-Do De Lenquesaing en producteur sans scrupule), Giannoli reprend ensuite en mode mineur l'idée de son film précédent : comment une foule projette sur un homme qui passait par là ses désirs et ses frustrations. Mais, à la faveur d'un nouveau coup de force scénaristique, c'est le peuple qui est à son tour dénoncé, brûlant avec la même ferveur celui qu'elle adulait hier. Comme un film à thèse qui défendrait tout et son contraire, Superstar s'emmêle les pinceaux dans une rumination façon Tavernier contre l'époque et la société que, par ailleurs, il s'avère incapable de filmer sans sombrer dans le cliché. Les pénibles séquences au supermarché en sont un bon exemple : on ne sait si Giannoli ricane de la bêtise humaine ou s'il prétend faire un portrait fidèle de la «banalité», mais en tout cas, tout cela sonne faux. Et on a envie de lui retourner la métaphore ô combien transparente qu'il file : l'homme «normal» élu par des gens «normaux» a besoin de gens qui se croient «exceptionnels» (des communicants ou des cinéastes) pour conserver cette image fabriquée de toute pièce.

Christophe Chabert


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