La nébuleuse Fluxus


Saint-Étienne / Dès la fin octobre, le Musée d'art moderne présentera pendant trois mois l'exposition Fiat flux : la nébuleuse Fluxus, 1962-1978, événement célébrant le cinquantenaire des débuts de Fluxus, mouvement artistique marquant de la seconde moitié du 20e siècle. Une exposition revendiquant la forme d'une nébuleuse, car plutôt qu'un groupe constitué et bien défini, Fluxus est, comme son nom l'indique («flux», «courant» en latin), un état d'esprit, un champ d'action et de déréliction, sous l'influence de Dada, John Cage et de la philosophie Zen. L'appellation, incontrôlée, est inventée en 1961 par l'artiste Georges Maciunas à New York, et se diffuse très vite en Allemagne de l'Ouest, à Nice en France (où Ben organise avec Maciunas un concert fluxus en 1963, et crée la même année son Théâtre Total), aux Pays-Bas, au Japon... Le "Manifeste Fluxus" donne la tonalité générale et élastique de ce non-groupe : « L'art Fluxus réprouve la distinction entre l'art et le non art, il réprouve le critère d'indispensabilité de l'artiste tout comme l'exclusivité, l'individualité, l'ambition, toute prétention au sens, la rareté, l'inspiration, la complexité, la profondeur, la grandeur, les valeurs institutionnelles. » Il s'agit de faire exploser les frontières entre l'art et la vie, via une belle énergie, et ce jusqu'à ce qu'on ne sache plus trop de quoi il retourne. Concrètement, Fluxus ce sont : des œuvres singulières (les Boîtes de Brecht ou les télévisions de Nam June Paik), de l'art postal, de l'art aléatoire, des recherches expérimentales, et, surtout, un art d'attitude fondé sur le principe du happening (inventé par Alan Kaprow en 1958). Le happening, cousin de la performance, consiste en une pratique artistique directe, improvisée, spontanée, participative, tapageuse et volontiers provocatrice. Les premiers concerts Fluxus présentés en Allemagne en 1962 sont une parodie de récital classique où des artistes habillés en musiciens s'emploient notamment à, scrupuleusement, mettre en pièces un piano à queue !

Jean-Emmanuel Denave

Fiat flux : la nébuleuse Fluxus, 1962-1978
Du 27 ocotbre au 27 janvier 2013,
au Musée d'art moderne de Saint-Étienne


<< article précédent
Les trésors cachés de M. Mottet