Aristocrate kubrickien


Ce mercredi 3 octobre, c'est la rentrée pour le Centre Culturel Cinématographique, et rien de tel qu'un petit (un grand !) Kubrick pour marquer le coup. Pas n'importe lequel, puisqu'il s'agit d'Orange mécanique, film qui n'a cessé de hanter les esprits cinéphiles depuis sa sortie, œuvre interdite qui provoqua le scandale puis la fascination et finalement le malentendu. L'itinéraire d'Alex (Malcolm MacDowell) parsemé d'orgies sexuelles, de crimes cruels et de viols insoutenables, sa "rééducation" par un système qui entend éradiquer la délinquance par une méthode de gavage scopique, puis son impossible retour à la vie civile et enfin son triomphe final, échappe aux idées faciles sur le fascisme rampant. Car à travers lui, c'est bien le portrait d'un aristocrate nietzschéen que tire Stanley Kubrick : un homme au-dessus des valeurs communes, qui invente les siennes propres et renvoie dos-à-dos progressistes hypocrites et conservateurs frelatés dans une même normativité. Le malaise vient de là : Alex est un héros, un vrai, et ses actes échappent aux grilles de lecture politique, religieuse et morale.

Par la suite, le CCC proposera un programme joyeusement éclectique : deux comédies de Woody Allen pré-Annie Hall (Bananas et Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe…), un mini-cycle sur la guerre d'Algérie au cinéma, une soirée Halloween avec le chef-d'œuvre de Tobe Hooper Massacre à la tronçonneuse, trois superbes films japonais (Rashomon, La Ballade de Narayama et Hana-Bi) et un hommage à Paul Newman avec notamment le très rare La Castagne de George Roy Hill.

Christophe Chabert

Orange Mécanique
Au CCC, mercredi 3 octobre à 20h


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