Sous haute pression


Danse / Une sorte de grosse boîte grisâtre ouverte côté scène, une lampe-robot articulée, une chaise en plastique pliante, un dandy aux bottines bien cirées… Le dispositif du solo Press (créé en 2008) est pour le moins minimaliste. On y ajoutera une lumière blafarde et une bande-son électro-bruitiste aux accents mécaniques. Dans ce parking souterrain, ce bureau kafkaïen ou ce sarcophage contemporain, notre dandy solitaire palpe des parois hostiles, éprouve cet espace vide et confiné, valse autour d'une chaise… Mais, peu à peu, ses mouvements s'affolent et se détraquent, alternant des gestes de révolte, des postures burlesques à la Keaton, ou des actions mécaniques et comme imposées par son environnement qui se révèle vite infernal. Les cloisons se contractent peu à peu, font gicler le dandy pantin vers le mur opposé ou bien l'aimantent comme un électron de moins en moins libre. Le corps de Pierre Rigal, ancien athlète de haut niveau à l'étonnante souplesse, résiste, s'arrange, cède, se redresse à nouveau, crâne et obstiné… Toutes les métaphores et interprétations sont possibles et assez transparentes (l'homme et la machine, l'absurdité des temps modernes, le cycle écrasant de la vie quotidienne, l'enfermement, etc.), mais ce sont les sensations qui importent, des histoires de corps, une impressionnante résistance des muscles et des nerfs.

Jean-Emmanuel Denave

Press, mardi 9 octobre à 20h, à l'Hexagone (Meylan)


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