Retour vers le futur

Une jeune artiste intriguée par la mémoire du futur, une approche réfléchie, soucieuse d'intégrer le public en lui faisant comprendre et sentir un propos : la première exposition de la saison au Vog mérite une adhésion ravie. Laetitia Giry


La formule Galeries nomades est une formule qui sonne bien… Il se trouve qu'elle désigne un projet non moins séduisant : des expositions impulsées par l'Institut d'art contemporain (IAC de Villeurbanne) dans différents centres d'art de la région, et présentant les travaux d'artistes régionaux fraîchement diplômés. C'est le cas de Mathilde Barrio Nuevo, qui a investi l'espace fontainois comme on occupe un territoire, posant ses marques et déployant un monde issu de son imagination, s'emparant du lieu avec enthousiasme et détermination. Une artiste qui déclare que, si « l'archéologue cherche les formes du passé ; l'artiste, au sens large, crée les formes du futur », tout en s'évertuant à donner du sens à ses propos en actes. Le visiteur est invité à pénétrer un monde en composition, à évoluer dans un laboratoire factice où se côtoient fausses météorites, faux résultats de fouilles, faux lieu d'exploration.

Du réel à la fiction

Le titre de l'exposition donne un indice sur la narrativité à l'œuvre ici : Les analyses ne donnent rien porte un message qui vient définir les contours des différents objets et mises en scène. Tout comme leurs noms respectifs : SNI – 067 (Spécimen Non identifié n°67), Prélèvements, Inventaire... Par l'entremise d'un langage scientifique froid, l'artiste détermine des axes de lecture en offrant des clés : le scénario est bien ficelé, l'histoire se vit comme dans un film. Ces mêmes films de science-fiction dont elle s'inspire pour recréer une ambiance de mystère et de suspense. Et de fait, l'obscurité générale, mise en contraste avec la lumière crue éclairant les semblants de fossiles, immerge le spectateur au sein même de l'image. Ainsi s'élabore le pacte d'appréhension de l'œuvre : observation, exploration, sensation. Là une pierre semblant venir tout droit de Smallville (la ville d'accueil de Superman), ici un tapis de terre odorant constellé de dessins de lumières, accompagné de sons électroniques inquiétants. L'artiste, par la profusion de ses fac-similés, tente de libérer la fiction du joug du réel en la rendant dominante. Elle promulgue donc ses propres lois : derrière le scientifique, le fantastique ; au revers de la fouille archéologique du passé, la création neuve ; au-delà de l'imagination, l'avenir.

Les analyses ne donnent rien, jusqu'au 27 octobre au Vog


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