God bless America

De Bobcat Goldthwait (ÉU, 1h40) avec Joel Murray, Tara Lynn Barr…


Exaspéré par la connerie américaine ambiante, largué par sa femme, viré de son travail et atteint d'une tumeur inopérable, Frank décide de mettre son pays face à sa monstruosité : il prend les armes et, aidé par une gamine aussi révoltée que lui, décide de buter stars de la télé-réalité, membres des Tea Party, adolescents indélicats et éditorialistes réacs. On se pince un peu pour le croire : contre la bêtise contemporaine, le fascisme ultra-violent serait donc la solution pour restaurer l'intelligence. Certes, de sa mise en scène à ses nombreuses nuances scénaristiques, Goldthwait cherche à atténuer cette radicalité idéologique en la nimbant d'un parfum de comédie noire. Mais il ne gomme ni la misanthropie de son personnage, ni l'impression fâcheuse qu'il s'en sert pour déverser à travers lui sa propre aigreur envers l'Amérique. La provocation vise à faire réagir ; curieusement, le film le fait moins bien que le génial Idiocracy, qui extrapolait cette déchéance intellectuelle jusqu'à son point de non-retour, mais envisageait une issue optimiste et humaniste – utopique ? – pour endiguer ce triomphe de la vulgarité inculte.

Christophe Chabert


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Ted