La nouvelle Eve

La Seve est la nouvelle association qui a été désignée en juillet dernier par les universités pour gérer Eve, l'Espace vie étudiante solidement implanté sur le campus. Retour sur un long feuilleton, toujours source de tensions, notamment du côté d'Éponyme, l'association historique qui s'était battue pour conserver la délégation de service public un temps menacée. Aurélien Martinez


Un gros bordel : on peut résumer ainsi l'année universitaire que vient de vivre l'Espace vie étudiante. Lors de notre dernier numéro spécial étudiant (en septembre 2011), on titrait « Eve, couche-toi ? ». Notre dossier portait sur les déboires que rencontrait le lieu, dont le mode de gestion étudiant, unique en France, était remis en cause par le Pres (le Pôle de recherche et d'enseignement supérieur de Grenoble, regroupant les différentes universités en une même entité). Était envisagé « un mode de fonctionnement qui puisse allier plus facilement et efficacement l'implication et la responsabilisation des acteurs étudiants avec l'engagement de l'institution universitaire dans ce domaine » (communiqué du Pres). En ligne de mire, l'association Éponyme, aux commandes du bâtiment depuis 2004, en mode délégation de service public. Une délégation contestée par les présidents d'universités, qui se demandaient par exemple s'il était logique que des étudiants dirigent un bar – le Crous fut envisagé un moment pour tenir ce rôle à leur place. Levée de boucliers chez les membres d'Éponyme. « C'est déposséder les étudiants d'un projet qu'ils ont construit de leurs mains » nous expliquait Olivier Royer, le directeur de l'époque.

Retour à la case départ

Finalement, après plusieurs reports d'échéance, le Pres explique en janvier dernier que le mode de gestion actuel de l'Espace vie étudiante est prolongé jusqu'au 31 août 2012. « Ces quelques mois permettront de poursuivre la concertation et les consultations nécessaires au groupe de travail pour formuler des propositions visant à conserver et développer encore ce qui fait de Grenoble le site le plus dynamique, riche et ouvert de France, en matière de vie étudiante. » Pendant cette période, le Pres lance pourtant un nouvel appel d'offre, confirmant implicitement que la délégation de service public est maintenue – il n'y a eu aucun communiqué précis sur le sujet, mais l'on imagine que les autres modèles envisagés n'ont pas été retenus. Ou que la pression a été trop forte. Une décision qui aurait pu apaiser les choses, sauf que non...

Scission

Car la décision du Pres rebat les cartes. L'association Éponyme veut très logiquement postuler. Mais des tensions internes se font sentir, sur les directions à prendre pour l'avenir. Le 23 avril, un nouveau bureau est élu, bureau d'emblée contesté par l'ancien. Eve est fermé pendant une semaine par l'ancien bureau. Un administrateur provisoire est nommé, à la demande du nouveau bureau, qui envoie alors un communiqué : « La situation dans laquelle se trouve aujourd'hui l'association Éponyme résulte d'une succession de décisions prises notamment par les dirigeants d'Éponyme issus de l'Unef Grenoble. » Sur le bureau du Pres, quatre dossiers arrivent, dont un seul de la part d'Éponyme. Un dossier qui n'est finalement pas retenu. Aujourd'hui, l'avenir de l'association est toujours incertain, le conflit, sur fond de procédure judiciaire, n'ayant pas encore été réglé.

« De nouvelles bases »

Finalement, c'est une autre association qui a touché le jackpot : la Seve, pour Savoirs, émancipation et vie étudiante. Avec, à sa tête, Amandine Dupraz, qui faisait partie d'Éponyme, équipe premier bureau. D'où un mécontentement très fort du côté du second bureau, celui qui a déposé le dossier. Des tensions qu'Amandine Dupraz souhaite laisser derrière Eve, comme elle nous l'explique implicitement : « C'était le choix de construire une nouvelle association, sur de nouvelles bases, qu'on souhaitait saines, et de repenser le projet dans ses fondamentaux. » Qui sont les membres de la Seve ? Des anciens d'Éponymes ? D'autres étudiants ? « C'est très clairement les deux. » Pourquoi se constituer en association. « Au printemps dernier, après de longs débats sur l'avenir du bâtiment et la façon dont il pourrait être géré par la suite, a émergé la volonté d'étudiants de porter un nouveau projet pour Eve. » Avec l'idée de toujours défendre l'organisation étudiante. « On souhaite remettre l'étudiant au cœur du projet. » Elle assure qu'Eve restera un haut lieu de la vie culturelle du campus. « Cela fait partie de nos missions de service public, avec l'accueil et l'intégration des étudiants, le développement des initiatives étudiantes, et donc la programmation culturelle. » La Seve a quatre ans pour faire ses preuves. Quatre ans où chacun de ses faits et gestes sera scruté de toute part. Et, même si c'est totalement anecdotique, ça commence fort avec une petite vidéo de présentation réalisée par la Seve où les membres ne semblent pas très à l'aise à l'écran !

+ http://www.asso-seve.org

+ le forum des associations se tiendra à Eve jusqu'au jeudi 11 octobre, de 11 à 18h.


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