"Wu-Weï" : chute de tension de Yoann Bourgeois


Yoann Bourgeois est un artiste vertical : depuis qu'il a fondé sa compagnie en 2010, les créations qu'il dévoile sont élancées et légères. Avec seulement un trampoline et un escalier, il réinvente une poétique de l'image, et c'est grandiose. Changement de cap : avec sa dernière proposition, le circassien surprend, en cassant ses propres codes, et en refusant le spectaculaire. Il décide ainsi de se mettre en retrait du plateau, et concevoir une pièce pour d'autres. À savoir les acrobates chinois de Dalian, avec l'idée de croiser leur univers à l'œuvre phare de Vivaldi qu'est Les Quatre saisons.

Un parti pris original et audacieux sur le papier, qui néanmoins ne fonctionnait pas encore sur le plateau à quatre jours de la première (nous avons assisté à un filage). La rencontre entre les artistes chinois et l'univers de Yoann Bourgeois n'a pas lieu, les premiers restant en retrait, ne livrant pas ce que l'artiste semble chercher en eux – une part d'intime notamment, mais avec pudeur. D'où le recours à une voix off beaucoup trop didactique, en particulier lorsqu'il s'agit d'évoquer l'histoire récente du pays. En résulte un spectacle plastiquement fort, mais assez poussif et linéaire. Un spectacle horizontal en somme.

Aurélien Martinez

Wu-Weï, jusqu'au samedi 13 octobre, à la MC2


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