Télé Gaucho

De Michel Leclerc (Fr, 1h57) avec Félix Moati, Éric Elmosnino, Sara Forestier…


Visiblement, en France, il est impossible de transformer l'essai d'un succès (critique et public) surprise… Michel Leclerc vient s'ajouter à une liste déjà longue (et pas encore close cette année…) de cinéastes trop confiants qui tentent de retrouver un esprit qu'ils réduisent à une formule creuse. Reprenant l'équation politique + romantisme + fantaisie de son Nom des gens, il la métamorphose en bouillie informe, scénaristiquement décousue, filmée n'importe comment, où l'humour pèse des briques et où les sentiments ont l'air fabriqués comme jamais. On suit donc le parcours d'un naïf qui, délaissant son stage sur TF1 (mais ce n'est pas TF1) pour aller faire ses classes dans la télé libre (Télé Bocal est devenue Télé Gaucho), et y croise de vrais gens passionnés, sincères et de gauche, avec tout ce que cela implique de purisme et de prise de courge sur celui qui a la plus grosse conscience militante. Probablement autobiographique, le film est surtout incroyablement égocentrique : Leclerc fait la voix-off, chante en live et au générique de fin, et s'inscrit sous le haut patronage bien pratique de Godard pour multiplier les faux raccords et les montages aberrants. Ce manque de rigueur se retrouve au casting, où les comédiens se contentent de reprendre leur emploi habituel ou récent (Elmosnino a l'air encore gainsbourré, Maïwenn hystérise, Forestier fait la doux dingue). Et on ne parle pas de l'hypocrite morale finale, où être de gauche, c'est bien quand on est jeune, mais après, faut devenir responsable. François Hollande a trouvé ici son cinéaste attitré.

Christophe Chabert


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