L'esthétique du collage


Jusqu'au 17 février, le Musée de Grenoble présente dans la Tour de l'Isle, Verre, un papier collé de Picasso datant de 1914. Classé comme œuvre patrimoniale d'importance majeure, il aura fallu près de deux ans de tractations entre le directeur Guy Tosatto et une galerie parisienne pour que ce tableau vienne enrichir le fonds du Musée de Grenoble. Un petit format de 27 sur 25 cm à 750 000 euros, dont l'achat aura été rendu possible grâce à la participation financière, pour les deux tiers, du Club des mécènes du Musée. Exposé dans le contexte de l'ensemble des œuvres cubistes du Musée de Grenoble, ce collage unique témoigne d'une technique où la peinture intègre un élément du réel pour renforcer dans un univers, plane l'impression d'une troisième dimension. Dans la composition bistre et blanchâtre, Picasso trace au fusain sur un papier vergé un ensemble de lignes et d'estompes, sur lequel il rapporte et colle un deuxième papier enduit de gouache blanche, esquissant ainsi la forme du verre. La présence physique d'une épingle utilisée pour fixer la pièce rapportée anticipe quant à elle les futurs ready made de Duchamp. Enfin, par cette acquisition singulière, le Musée de Grenoble rejoint le cercle restreint des possesseurs français des collages du peintre avec le Centre Pompidou, le Musée Picasso de Paris et le Musée d'art moderne de Lille-Villeneuve d'Ascq.

Régis le Ruyet

Un nouveau Picasso au Musée de Grenoble, exposition spéciale jusqu'au 17 février


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