Gnaoui, dis moi oui


Au départ, faire du gnaoui à Grenoble, c'était un peu comme faire le pari d'ouvrir un restaurant de gratin dauphinois au milieu du Sahara. Et pourtant, ça fait plus de vingt ans que ça marche, le gnaoui à Grenoble, pas le gratin : le groupe fondé en 1992 par Amazigh Kateb, fils de l'écrivain Kateb Yacine, a sorti son premier album, Légitime différence, en 1993. Vingt années fêtées en 2012 par la sortie d'une compilation Audio-globine, d'un album original Shock el hal et de la reformation d'un groupe mythique à Grenoble et à l'aura planétaire.

Il faut dire que loin de se contenter de l'inspiration gnaouie – dont les ramifications historiques et stylistiques sont aussi enchevêtrées qu'enracinées dans l'Histoire de l'Afrique –, Gnawa Diffusion a toujours cherché, un peu à la manière d'un Rachid Taha, à mêler musique traditionnelle marocaine, algérienne (châabi) et sub-saharienne, avec une matière infiniment plus contemporaine (rock, reggae, ragga) dans plusieurs langues : à savoir l'arabe, le français et l'anglais. Une fusion d'influences multiples nourries de multiculturalisme et de métissage, qui il y a vingt ans, excepté Rachid Taha donc, en était véritablement à ses balbutiements. De ce retour aux sources grenobloises on retiendra donc que, moins que le terme "gnawa", ce qui importe ici, et a toujours importé, c'est le mot "diffusion".

Stéphâne Duchêne

Gnawa Diffusion, vendredi 18 janvier, à la MC2.


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