Un cinéma pas comme les autres

5e édition pour le Festival des Maudits Films, caractérisé cette année encore par une sélection absolument irréprochable de films bis des années 1910 à nos jours. L'occasion de rendre hommage à ce cinéma de la marge, dont la générosité, la flamboyance, mais également la pertinence ne devraient plus être à démontrer. Damien Grimbert et Christophe Chabert


Vous l'avez sans doute déjà remarqué, le Petit Bulletin nourrit depuis toujours une affection toute particulière pour le cinéma bis et les films de genre. Une frange du cinéma qui bénéficie désormais d'une visibilité plus importante que par le passé, mais souffre toujours d'une condescendance critique vaguement bienveillante, en décalage total avec ses atouts intrinsèques. Alors, quitte à se répéter, affirmons-le encore une fois haut et fort : non, le cinéma bis n'a rien d'un simple "plaisir coupable", d'un divertissement gentiment régressif à destination d'un public de geeks grands enfants qui aiment ricaner bêtement devant des films un peu cheap. Les vrais cinéphiles le savent bien : loin d'être un handicap, les contraintes budgétaires qui le caractérisent constituent bien souvent les garants d'une créativité visuelle hors norme et d'une liberté d'esprit frondeuse, qui permettent à ces films atypiques d'exprimer des propos politiques, sociaux et culturels forts, tout en témoignant d'une véritable soif de cinéma qu'on serait bien en mal de retrouver dans beaucoup de blockbusters hollywoodiens et films d'auteur estampillés Fémis.

Cela ne veut évidemment pas dire qu'il n'y a rien à jeter dans le cinéma bis, et c'est là où un festival comme celui des Maudits Films trouve toute son importance. En alignant une sélection rétrospective thématique (complétée depuis cette année par une section compétition au cinéma Le Club – voir encadré ci-dessous) brassant toutes les décennies, les nationalités et les genres, et en l'enrichissant de rencontres et discussions avec des spécialistes, il permet ainsi de contextualiser et de mettre en avant toute la diversité et la richesse d'un cinéma trop souvent réduit au plus petit dénominateur commun. Comme le résume Karel Quistrebert, déléguée générale du festival, « le cinéma bis est plutôt une antithèse : il y a le cinéma classique, le cinéma d'auteur, et tout le reste, tout ce qui ne rentre pas là-dedans, va dans le cinéma bis ». Ce qui laisse, vous l'aurez compris, beaucoup, beaucoup de choses à explorer… 

5e Festival des Maudits Films, jusqu'au 26 janvier à la Salle Juliet Berto et au Cinéma Le Club 

www.festivaldesmauditsfilms.com


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