Happiness therapy


Pat Solotano est bizarre. Il faut dire qu'il a sauvagement tabassé l'amant de sa femme quand il les a découverts nus sous la douche. On lui donne cependant une chance de sortir de l'asile où il a atterri pour échapper à la prison, et le voilà revenu chez ses parents. Eux aussi sont un peu bizarres : la mère est surprotectrice, le père est bourré de tocs. Il rencontre une jeune veuve bizarre, nymphomane et obsédée par l'idée de réussir un concours de danse. Pour ceux qui ne le sauraient pas, David O'Russell est aussi un type bizarre : à l'époque de son manifeste cinématographique hermétique (J'adore Huckabees), il donnait ses interviews pieds nus et dans une sorte de transe méditative. Happiness therapy cherche à faire de cette bizarrerie généralisée matière à un renouveau de la comédie romantique. Ce n'est pas ce qui se produit à l'écran. D'abord parce que O'Russell adopte à son tour un style hystérique pour mettre en scène l'hystérie généralisée. Sa caméra tourne sans arrêt sur son axe ou trace de longs travellings sans motif dans tous les sens ; ça pourrait faire un style, ça flanque surtout le tournis, et cela éloigne de ce qui est tout de même le cœur battant du film : ses comédiens. Tous envoient une bonne dose de cabotinage encouragée par le scénario, mais il faut reconnaître que cette générosité-là emporte parfois le morceau. Le dernier tiers voit O'Russell se recroqueviller sur d'énormes ficelles scénaristiques, et Happiness therapy se délester de ses oripeaux indé : ni éloge de la folie, ni regard sur les disfonctionnements familiaux, il est, comme Fighter, un film qui vante l'air de rien des valeurs parfaitement conventionnelles.

Christophe Chabert


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