"Tu tiens sur tous les fronts" : trop c'est trop


Porter de la poésie sur un plateau n'est pas un exercice aisé. Si certains s'en sont admirablement sortis, usant de partis pris radicaux (Ode Maritime de Claude Régy en 2010 à la MC2, avec sur scène un seul comédien statique déclamant du Pessoa), ou utilisant la forme cabaret (l'excellent Quand m'embrasseras-tu ? de Claude Bronzoni, sur des textes de Mahmoud Darwichà voir en mai à la Rampe d'Échirolles), d'autres n'arrivent malheureusement pas à imbriquer les exigences parfois contradictoires du spectacle vivant et de la poésie.

C'est le cas du metteur en scène Roland Auzet qui, avec son Tu tiens sur tous les fronts, peine à jouer avec les mots du poète français Christophe Tarkos. Tarkos, c'est une langue riche et déstructurée maniée avec force, dans un souci constant de la porter à son sommet. Une œuvre exigeante, qui demande une écoute attentive et concentrée pour en comprendre toutes les subtilités. Mais Auzet a choisi une mise en scène imagée et agitée, au sein de laquelle l'excellent comédien Hervé Pierre, de la Comédie-Française, tente vainement de transmettre son texte, quitte à l'appuyer et l'illustrer à certains moments. Quant à Pascal Duquenne, formé au sein de la compagnie Créahm (création et handicap mental), sa présence muette sur scène n'apporte pas grand chose, malgré tout ce que l'on nous explique en amont (un travail sur la différence, sur l'ordre et le désordre...). Du coup, on ressort de ce spectacle pour le moins circonspect et un brin assommé par ces trop nombreux fronts ouverts.

Aurélien Martinez

Tu tiens sur tous les fronts, du mardi 12 au jeudi 14 février, à la MC2


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Projection privée