"Desh" : Khan intime


Si l'on peut reprocher à Akram Khan un sens de l'esthétique parfois trop marqué qui prive le spectateur de liberté (c'était le cas dans Vertical Road, sa pièce blockbuster présentée la saison passée à la MC2), force est de constater que le chorégraphe sait aussi se faire plus fin, tout en ne trahissant pas son univers. Sans doute parce que dans ces moments-là, il se débarrasse de ses habits de créateur d'images pour simplement se faire metteur en scène.

Pour son solo Desh (terre, patrie, en sanskrit), le Londonien évoque sa double culture, en partant sur les traces du Bangladesh de son père. Un carnet de route intime, tour à tour émouvant et drôle, jonglant entre le rêve et la réalité. Et une production grandiose (la technique est bien présente), qui arrive néanmoins à convoquer les émotions les plus subtiles.

Chat perché

Sur scène, Akram Khan confronte l'image qu'il se fait du Bangladesh à sa propre réalité : celle de la jungle urbaine, de la pop de Mickael Jackson, des iPhone... Ça pourrait sembler facile, mais c'est plus que ça, plus que ce discours attendu sur l'opposition. Il évoque simplement les mondes différents qu'ont connus son père et lui, avec tendresse, en convoquant constamment la figure paternelle sur scène.

Un solo tout en collages, qui confirme une fois de plus le fait qu'Akram Kahn est un excellent danseur. En le voyant, on peine à croire qu'il vient tout juste de se remettre d'une rupture du talon d'Achille (blessure qui était la cause de l'annulation des représentions de Desh et Gnosis l'an passé).  Avec l'élégance et la dextérité d'un chat, il habite le plateau 1h30 durant, faisant corps avec les dessins de Tim Yip, et s'autorisant même quelques incartades du côté du théâtre. Une création d'une grande liberté, qui fait du bien à voir.

Desh, du mercredi 13 au vendredi 15 février, à la MC2


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Yes, Akram can !