Syngué Sabour

D'Atiq Rahimi (Fr-All-Afghanistan, 1h42) avec Golshifteh Farahani, Hamidreza Javdan…


Il faut reconnaître à Atiq Rahimi une bonne décision, peut-être la seule de cette auto-adaptation de son roman goncourisé : miser énormément sur son actrice principale, l'épatante Golshifteh Farahani, pour apporter une force d'incarnation très troublante à son personnage, une vie que le scénario, chargé d'intentions et de vouloir-dire, ne cesse de lui dénier. Car le discours de Rahimi pèse une tonne : il ne s'agit pas seulement pour cette femme de raconter le présent des événements à son époux dans le coma, mais aussi de révéler derrière le héros de guerre célébré le mari négligent et sourd au désir de sa compagne. Récit d'émancipation très théorique, dont l'horizon est beaucoup trop évident : dire que la femme afghane n'a pas encore gagné le droit d'exister en tant que femme. Le film se heurte aussi à son dispositif, qui n'arrive jamais à être tout à fait cinématographique. Rahimi a beau essayer d'aérer l'action, celle-ci revient toujours entre les quatre murs de la maison où elle se retrouve mise en mots, pure paraphrase des images. Un sujet traité en thèse, antithèse, synthèse, un rapport purement illustratif à la mise en scène, un zeste de bonne conscience : Syngué Sabour a le parfum de cet académisme Télérama qui règne aujourd'hui dans le world cinéma.

Christophe Chabert


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