Le prochain Spielberg est peut-être grenoblois

Grenoble compte actuellement quatre films en préparation. Ce ne sont pas de grosses productions hollywoodiennes, mais quatre courts-métrages d'animation, imaginés, créés et réalisés par des enfants. Sous la direction de David Meunier, ces jeunes cinéastes en herbe ont une semaine de travail avant de présenter leurs « chefs-d'œuvre », lors d'une projection le 16 mars au cinéma Le Club. Martin Bartoletti


« À l'école, tu travailles l'écrit et l'oral. Ici, on est sur l'image » : voici comment David Meunier, fondateur de Cinémagie, décrit brièvement cette aventure. Depuis le 25 février et durant une semaine, il encadre huit petites têtes blondes âgées de 8 à 12 ans. L'objectif : éveiller, initier et promouvoir le cinéma d'animation. Au cours de ce stage, les enfants baignent dans l'univers du cinéma. Strapontins de salles obscures, affiches de film, livres sur le 7e art et une gigantesque Marilyn Monroe en carton, composent l'atelier de travail de ces « petits » réalisateurs. Tout est à leur disposition pour « accoucher » d'un film, d'environ une minute, en papier découpé. Stylos, crayons de couleurs, feuilles colorées... et surtout, le savoir faire de David. « Je suis un peu un gynécologue de l'image, je cherche à aller dans le sens de leurs idées, en les rendant réalisables. »

La veuve noire

Ce qui est sûr, c'est que les idées ne manquent pas. L'atelier est un vrai bouillon d'imagination où s'entrechoquent les rois, les chats couverts de peinture, ou encore la guerre. Pour David, « les enfants ont presque plus d'imagination que les adultes, car ils n'ont pas les limites que l'on s'impose ». Mention spéciale à Clémentine et Charlotte, 12 ans, pour leur histoire intitulée La veuve noire. Loin des idées reçues sur ce qui pourrait animer deux filles de cet âge-là, elles livrent une fresque moderne et sombre sur le destin d'une femme à la fois vénale et meurtrière. Mais c'est encore elles qui en parlent le mieux :

« Allumer des flammes chez les enfants »

Comme aime le rappeler David, « le cinéma est un art collectif ». Mais un art qui demande labeur et patience. « Les enfants découvrent une esthétique du temps différente. » Il faut souvent plus d'une centaine de photos pour réaliser un court-métrage d'une minute. Alors certes, il est possible que, quelques fois, ces jeunes amateurs décrochent, mais le résultat final fait bien souvent oublier tous les déboires. « Mon premier film a eu de gros applaudissements » déclare William, 8 ans, et déjà une projection au compteur. À l'image de ce petit blondinet, David cherche à « allumer des flammes chez les enfants », à faire en sorte qu'ils aillent au bout de ce qu'ils entreprennent.

Clin d'œil au monde professionnel ou pur hasard, une bobine du film Lost in la Mancha traîne sur un des bureaux de l'atelier. Ce long métrage de Keith Fulton et Louis Pepe raconte le tournage désastreux d'un film qui ne verra jamais le jour. Le 16 mars à 11h, Clémentine, Charlotte, William et les autres seront prêts, eux, pour présenter leurs « bébés » au public du Club.

Info pratiques :
prochain stage du 4 au 8 mars
renseignement sur http://www.cinemagie.net/ ou par téléphone au 06 08 12 33 51


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