Les Femmes s'en mêlent : notre sélection

Ce que l'on pourra découvrir pendant le festival, qui se déroulera du mardi 26 au samedi 30 mars, au Ciel, à la Chaufferie et à la Bobine. La rédaction


Aa volonté

Céleste, psychédélique, futuriste voire carrément extra-terrestre... Tel est l'univers hybride dans lequel nous plonge Troops, sublime album expérimental signé par la jeune chanteuse, violoniste et compositrice anversoise Liesa Van der Aa. S'amusant de son éducation classique (et en particulier avec son violon auquel elle arrache des sonorités saturées et distordues), elle fait voler tous nos repères en éclats en puisant dans plusieurs genres qu'elle revisite un à un. Puis tous à la fois, pour élaborer strate par strate, à la manière d'une performeuse, des morceaux qui sonnent et résonnent comme autant d'odes à la musique contemporaine. Résultat ? Troops est un ovni hypnotique, anxiogène et rassérénant. Un premier opus composite et transgenre, qui oscille sans hésitation ni faux-pas entre pop-rock d'avant-garde, electro et musiques alternatives minimalistes. Comme ancrée dans une autre réalité, la voix profonde et envoûtante de Liesa Van der Aa semble flotter, aérienne et évanescente, nageant à contre-courant d'arrangements musicaux qu'elle habille pourtant d'une indiscutable majesté.

Liesa Van der Aa + Kaki King, mercredi 27 mars à 20h30, au Ciel

 

Tout feu tout flamme

Nouveauté de taille cette année dans le festival, l'introduction d'un concert rap qui devrait marquer les esprits. Plutôt que de jouer la carte de la sécurité en se réfugiant derrière une affiche hip hop jazzy consensuelle, la soirée du jeudi accueillera en effet deux artistes explosives issues de la féconde scène grime britannique : une prise de risque qu'on ne peut qu'applaudir des deux mains. Mêlant influences électroniques et caribéennes dans un cocktail rugueux et ultra-énergique aux basses surpuissantes comme seule l'Angleterre est capable d'en produire, le grime a transformé en profondeur le paysage musical d'outre-Manche au début des années 2000, avant de progressivement retourner dans l'underground pour mieux peaufiner ses armes. Toutes deux originaires de Birmingham et âgées de respectivement 21 et 24 ans, RoxXxan (photo) et Lady Leshurr font partie de la deuxième génération d'artistes issues de cette mouvance. Armées d'un flow mitraillette à couper le souffle, d'un charisme hors pair et d'une personnalité bien trempée, les deux devraient, on en prend le pari, laisser leur auditoire littéralement pantelant.

RoxXxan + Lady Leshurr, jeudi 28 mars à 20h30, à la Chaufferie

 

Let's dance

La soirée du festival délocalisée à la Bobine est souvent la plus queer et débridée. Cette année semble confirmer la règle que l'on vient d'inventer. La Sud-Africaine Skip&Die (photo), ni plus ni moins que la grosse tête d'affiche de cette édition, déboulera ainsi avec son hip hop babélien – elle s'exprime en anglais mais aussi en portugais, en espagnol, en zoulou, en afrikaans et en xhosa. Là, ça fout carrément les jetons. À tort. Car on a affaire ici a une musique politisée, irrésistiblement groovy et métissée, qui à voir avec celle que M.I.A. enregistrait avant de virer diva pour de bon. Avis aux altermondialistes allergiques au reggae festif pour juger sur pièce celle qui divise notre rédaction (certains d'entre nous y voyant une grosse arnaque formatée). Lors de cette soirée, on retrouvera aussi les Taïwanaises de Go Chic et leur électro-rock punchy (à défaut d'être novateur). Mais qu'importe, car la force de ces groupes est autant dans leur musique que dans leur jeu de scène.

Tubbe + Go Chic + Skip&Die, samedi 30 mars à 20h30, à la Bobine


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