Oisiveté pour tous


Le travail c'est la santé : une expression communément admise qui ne tient pas si l'on se réfère à l'étymologie, comme l'explique très bien Dominique Rongvaux sur scène. Le mot travail est ainsi une déformation d'un autre mot : le tripalium, sorte d'instrument de torture utilisé par les Romains pour punir leurs esclaves !

Éloge de l'oisiveté, c'est ça : une succession de réflexions pertinentes émanant tantôt d'auteurs (Russell donc, mais aussi Jean de La Fontaine, Denis Grozdanovitch...) et tantôt des observations du comédien, ancien élève d'HEC. Un alliage solide transmis sur scène avec une théâtralité travaillée. Un spectacle de forme on ne peut plus classique (un interprète, de la lumière, quelques éléments de décor ; rien de plus) mais construit de telle manière qu'il sort de la dialectique partisane (la note d'intention évoque ceux qui « échappent au dogme de l'activisme ») pour simplement emmener le public flâner sur des chemins d'habitude peut arpentés. Une aventure intelligente, brillante et revigorante à la fois.

AM

 

Des extraits du texte de Russell


« Ainsi que la plupart des gens de ma génération, j'ai été élevé selon le principe que l'oisiveté est mère de tous les vices. Comme j'étais un enfant pétri de vertu, je croyais tout ce qu'on me disait, et je me suis ainsi doté d'une conscience qui m'a contraint à peiner au travail toute ma vie. »

« Il existe deux types de travail : le premier consiste à déplacer une certaine quantité de matière se trouvant à la surface de la terre, ou dans le sol même ; le second, à dire à quelqu'un d'autre de le faire. Le premier type de travail est désagréable et mal payé ; le second est agréable et très bien payé. »

 « L'idée que les pauvres puissent avoir des loisirs a toujours choqué les riches. »

« Les méthodes de production modernes nous ont donné la possibilité de permettre à tous de vivre dans l'aisance et la sécurité. Nous avons choisi, à la place, le surmenage pour les uns et la misère pour les autres : en cela, nous nous sommes montrés bien bête, mais il n'y a pas de raison pour persévérer dans notre bêtise indéfiniment. »


<< article précédent
« Russell était un saint laïque »