Failles dans le système


Peinture / Avec la série Antacom, Philippe Hurteau attaque les images nées des écrans en les recréant en peinture. Par l'irruption de cette technique, il dessine une dénonciation radicale du flux continu provenant de la télévision et des ordinateurs, pointant du doigt l'overdose qui déboussole le principe même d'image.

Invité à commenter la série de ces 82 œuvres – déclinaison en violet d'images pornographiques, d'écrans vides ou encore de pages météo – le poète Pierre Giquel précise écrire « sous la dictée des images malades, exacerbées, libérales », mettant en évidence le caractère à la fois tragique et vain de ces atrophies d'images, plus faites pour être englouties que véritablement regardées.

Une série qui dessine un récit, divisée en « stations », chacune correspondant à un tableau associé au hasard à un « log » (groupe de mots, néologismes pour la plupart). Des logs comme « theorgasm » ou « théorie des images aveugles » qui, mis bout à bout, écrivent une histoire morcelée dont le sens s'égare et se rapproche comme une vague, s'entrevoit à la condition d'accepter un certain impressionnisme.

Selon le mot de Pierre Giquel : « J'aime à penser que c'est par le fragment que je me débarrasserai du récit qui s'obstine en moi ». Une idée qui semble en effet prendre forme dans le travail de Philippe Hurteau, peignant pour mieux déconstruire, affirmant la force de la peinture contre le rachitisme des images vides qui prolifèrent.

Laetitia Giry

Antacom
jusqu'au 27 avril à l'espace Vallès


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