La nuit, tous les chats sont gris, sauf Jadikan qui profite de l'obscurité pour dessiner dans l'air des volutes de lumière. « J'ai fait une formation d'économiste. Puis j'ai travaillé deux ans en Malaisie et deux ans à La Défense, avant de quitter la cravate pour me consacrer pleinement à ma carrière artistique. » Un parcours atypique pour cet artiste hors du commun de trente-deux ans qui a finalement choisi de creuser le sillon d'un univers « street-artistique » un peu à part, celui du light painting.
Habilement, un peu à la manière d'un explorateur, il dit aimer jouer avec les techniques photographiques et les nouvelles technologies en matière d'éclairage. « Le light painting n'est possible que la nuit avec un temps d'exposition très long. Car il faut qu'il y ait très peu de lumière. Fixé sur un trépied, l'appareil ne bouge pas et c'est moi qui introduit les mouvements lumineux dans l'image, en leur donnant forme, pendant toute la durée de l'exposition. J'essaie d'écrire avec la lumière de la façon la plus précise. » C'est ainsi que Jadikan prend le temps de signer des compositions photographiques parfaitement abouties ; des scénographies lumineuses méticuleusement élaborées, seconde après seconde. Au millimètre.
Entre jeux d'ombres et de lumières, les photographies cinématiques, irréelles et convaincantes de Jadikan font finalement surgir des paysages nocturnes oubliés, littéralement sublimés par son tracé de subtiles mouvements lumineux. Squats, places vides, impasses... L'artiste confie en effet avoir « toujours eu une attirance particulière pour l'aspect esthétique des lieux abandonnés », dans lesquels il est certes évidemment plus facile d'intervenir, puisqu'ils ne sont pas ou très peu éclairés, et que la discipline en question nécessite justement une obscurité maximale. Ces espaces déchus, il se les réapproprie, les capture puis les immortalise dans l'œil de son objectif, entre ballet de lumière et célébration des endroits perdus.
Jadikan, jusqu'au 7 mai à la Galerie Nunc !