Une Femme fatale sur scène

La Femme n'est pas seulement la nouvelle égérie d'une industrie du disque moribonde. C'est aussi, comme on a pu le constater lors de son récent passage à Lyon, une machine de guerre scénique... Benjamin Mialot


La première fois que La Femme a usé de ses charmes à notre endroit, c'était à la Halle Tony Garnier (Lyon) il y a de cela un an et demi, par un soir de novembre. À l'époque, elle n'avait pas grand chose pour elle : ni le look (croisée en coulisses, elle avait, sous ses cheveux peroxydés, l'air de la première adolescente à problèmes de peau venue), ni la réputation (sauf auprès des éjaculateurs précoces qui constituent le gros de la presse musicale parisienne), encore moins les chansons, à l'exception de Sur la planche, tube surf abondamment waxé devenu depuis l'hymne du groupe.

Pas de quoi faire ch'boum là d'dans donc, comme disent les chasseurs de fantômes, d'autant qu'elle se voyait généralement cantonnée à un rôle d'amuse-gueulard, en l'occurrence pour Skip the Use et Birdy Nam Nam.

Depuis, La Femme a bien changé. Elle a mis le pays à ses pieds sur la foi de Psycho Tropical Berlin, un premier long format aussi chic que déglingué. Elle a surtout gagné en allure (tablettes de chocolat bien fermes et sunglasses anachroniques pour les mecs, frange impeccable et mine boudeuse pour les filles) et en assurance, au point de s'imposer comme l'une des bêtes de scène les plus indomptables du moment.

Coup de tonnerre sous les tropiques

C'est en tout cas ce dont nous a convaincus la petite heure et demi passée en sa compagnie à la mi-avril, dans une salle (le Kao) remplie ras les projecteurs de modeux ne s'étant vraisemblablement jamais remis de la vision de la pochette de La Notte, la Notte (deuxième album d'Etienne Daho sur lequel il arborait, près de vingt ans avant qu'Arnaud Montebourg ne se reconvertisse en vendeur de mixeurs, une très seyante marinière).

Une heure et demi d'un concert plus proche de la surboum de fin d'année que de l'habituelle performance promotionnelle et durant lequel, entre une transe métronomique (Packshot, accueilli comme il se doit par une coupure de courant) et une exhalaison de romantisme noir (Nous étions deux, de loin le morceau le plus bandant de La Femme), notre préférence pour la garage pop ingénue de Granville (la prestation gentillette qu'ont livré les Normands en première partie de soirée n'a pas aidé) aura fondu comme neige aux sunlights des tropiques. Dire qu'à une semaine de la date, autrement dit à la veille de la parution de Psycho Tropical Berlin et du cortège de papiers en faisant l'éloge, les organisateurs nous confiaient qu'ils peinaient à écouler les billets...


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