The Bling ring

De Sofia Coppola (ÉU, 1h30) avec Israel Broussard, Emma Watson…


L'accueil tiède (et à nos yeux injuste) réservé à Somewhere malgré son Lion d'or à Venise a sans doute poussé Sofia Coppola à faire profil bas avec The Bling ring, qui n'affiche aucun des atours modernistes de son film précédent. Au contraire, la cinéaste illustre le fait-divers dont elle s'inspire – quatre filles et un garçon californiens dévalisent les villas des stars qu'ils adulent  – avec un minium d'effets de style. Son thème de prédilection, à savoir la fascination pour l'oisiveté et la célébrité mêlées, subit lui aussi une torsion déflationniste flagrante.

Plutôt que d'épouser le regard de ses personnages, elle adopte une posture distante sinon surplombante, comme si elle tenait la chronique froide de ce qui est avant tout la répétition d'un même cérémonial. L'overdose de marques et le name dropping constant n'est plus une matière de cinéma comme auparavant, mais une observation sociologique qui tend vers un réquisitoire dont les motifs sont plutôt éculés : internet, la presse people, la médiatisation de soi, tous coupables de décérébrer la jeunesse.

Par moments, une idée de mise en scène vient sortir le spectateur de sa torpeur : celle, notamment, qui consiste à filmer un des cambriolages de très loin et en plan fixe, uniquement à travers les pièces de la maison qui s'allument et s'éteignent. Il paraît – c'est dans le dossier de presse – qu'elle provient du génial (et défunt) chef opérateur Harris Savides ; c'est sûr, il manquera cruellement à l'avenir au cinéma de Sofia Coppola.

Christophe Chabert


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