Cher homme connu

Compte-rendu énamouré de concerts. Nadja Pobel


Nous nous rencontrons dès l'automne 2007, toi sur la scène du Kao (Lyon), moi en face, dans une salle pleine. À l'époque, tu es le bad boy de la chanson française que la presse adore détester, faisant ses choux gras de tes crachats sur Bénabar et consorts. Mais, au plateau, c'est un homme heureux qui assure 2h30 de concert et joue les multi-instrumentistes (dont le trombone, l'instrument de tes gammes). Une claque.

Quand on se retrouve en mars 2010, La Superbe a remis les pendules à l'heure chez les grincheux. Les médias t'adoubent enfin, tu remplis des mois à l'avance le Transbordeur (Lyon encore), deux fois la jauge du Kao. Un concert de cordes avec harpe, piano… Superbe forcément. Quatre mois plus tard, je me mords les doigts de ne pas être aux Nuits de Fourvière (Lyon toujours) où tu es accompagné par le jeune orchestre symphonique du Conservatoire, là même où tu as traîné tes guêtres.

22 mai dernier. Retour au Transbo. L'album Vengeance a moins tourné sur ma platine que les précédents. Mais qu'est-ce que ça peut faire ? D'emblée, ce soir-là, une évidence : cet album est fait pour la scène. Plus électronique que le précédent, ce concert est aussi plus électrique. Mais aucun reniement du passé. Même Ton héritage, loin du piano-voix de sa création, trouve sa place. Tu lâches tes instruments pour être interprète et dévore ton répertoire (le plus impressionnant d'un artiste français vivant, qu'on se le dise). À l'origine, pièce maitresse, flirte toujours avec les dix minutes. Tu es moins disert entre les titres, le set file à toute allure. C'est dense, émouvant et, comme depuis notre première rencontre, infiniment généreux. De beaux souvenirs. Peut-être se croisera-t-on ce soir à la MC2 ou cet été à Fourvière. Profite des lendemains qui chantent. Ta chère inconnue

Benjamin Biolay, vendredi 14 juin à 20h30, à la MC2


<< article précédent
La Fille du 14 juillet