Illusions photographiques

Trois Grenoblois (dont le photographe Sébastien Cholier) revisitent l'art du sleeveface (mot-valise anglais signifiant littéralement « figure pochette ») en donnant à voir une série de photographies de 33 tours dans des mises en scène pour le moins surprenantes. Anachronismes, clins d'œil et humour nous invitent à sortir du cadre photographique et redonnent vie au vinyle. Charlotte Haas


Dans le sleeveface, « tout est question de taille et de proportion » explique le photographe Sébastien Cholier. Bien présent sur internet et les réseaux sociaux, le phénomène consiste à se prendre en photo en posant avec une pochette de disque vinyle tout en intégrant celle-ci afin de créer l'illusion. Un procédé qui a attiré l'attention de Jérémie Santurette, directeur artisitique grenoblois. De là, le duo s'en inspire. « Les règles du sleeveface existaient déjà, on avait juste à se les approprier. La différence est qu'on a souhaité faire quelque chose de beaucoup plus travaillé », raconte le photographe.

Pour y arriver, ils ont dû passer en revue quelque 200 vinyles ; c'est seulement après qu'ils ont pu entamer le travail de sélection. « Le choix des différentes pochettes s'est fait en fonction des goûts de chacun. Principalement, la chanson française, à laquelle on a ajouté quelques touches de musique rock et actuelle. » 

Grand angle

Sébastien Cholier poursuit : « L'avantage, avec les pochettes de chanson française des années 50/60, c'est la récurrence d'un visage et le cadrage type portrait. Alors que dans les années 70/80, on trouve plutôt des pochettes psychédéliques sur lesquelles figure généralement l'ensemble du groupe. » Une fois la sélection terminée, ils élaborent un storyboard, puis le directeur artistique se charge de recréer tout l'univers suggéré par la pochette du vinyle.

C'est là que la création entre en jeu et les conduit à sortir du cadre. Jérémie Santurette crée ainsi les contours et donne vie au hors-champ de la pochette du vinyle. À l'aide de mises en scène aussi surprenantes qu'inattendues où tour à tour Jérémie et un autre ami (Pascal Garnier) jouent les modèles, les musiciens se retrouvent immortalisés dans des situations cocasses (Jacques Brel avec un Rock & Folk posé sur la table, Leo Ferré en professeur anarchiste…). Reste au photographe à choisir l'angle idéal pour que l'illusion soit complète.

Sleeveface, jusqu'au 1er juillet à la Bobine


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