Créé en 2003 sous l'impulsion conjointe du Conseil Général de l'Isère, du Conservatoire de Grenoble et de Luc Denoux, l'association Temps Relatif prend progressivement la forme d'une compagnie lyrique. La transformation a été amorcée au moment de la reprise de la direction artistique en 2011 par Nadia Jauneau-Cury et Chrystèle Chovelon. Pour comprendre cette évolution, on s'est justement entretenu avec Nadia Jauneau-Cury, qui est aussi professeur de chant au Conservatoire de Grenoble. Propos recueillis par Charlotte Haas
Quelle était l'identité de Temps Relatif à ses débuts il y a 10 ans ?
Nadia Jauneau-Cury : Luc Denoux [chef de chœur et directeur artistique de Temps Relatif de 2003 à 2011 – ndlr] était très attaché à la création contemporaine. C'est d'ailleurs quelque chose qui nous anime encore aujourd'hui. Il voulait que l'association soit un lieu de rencontres entre le patrimoine du passé et contemporain, ce qui explique notamment que beaucoup de ses spectacles mettaient deux œuvres phares en miroir.
En 2011, changement de direction artistique, changement d'identité ?
Luc Denoux était un chef de chœur alors que nous sommes des chanteurs. N'ayant pas cette formation, il était important pour nous de faire évoluer Temps Relatif vers quelque chose qui nous corresponde. On a gardé le tronc commun et le souci de la création contemporaine, mais l'association a aussi évolué. Temps Relatif a vocation à devenir une compagnie lyrique. Davantage orientée vers les petites formes – l'opéra de poche ou les concerts décalés. On perd le label « ensemble vocal » pour devenir un « ensemble de solistes ».
Une façon de toucher d'autres publics ?
Oui, et d'aller aussi dans d'autres lieux. Pour fêter nos 10 ans, on a investi l'Atrium de Fontanil, un lieu atypique. Un endroit qui possède un petit espace scénique et, en même temps, une sorte de cabaret avec une mezzanine. Ça nous a donné des idées, on s'est dit qu'on pouvait imaginer quelque chose d'amusant. Il y a aussi une petite cuisine qui donne sur cet espace-là, ce qui offre un caractère convivial à l'ensemble. On se lance dans quelque chose d'expérimental, qui va nous mettre dans la peau de ce que vivent habituellement les compagnies théâtrales, souvent rattachées à un lieu. Ça peut nous ouvrir vers de nouveaux horizons !
En plus de la dimension artistique, il existe aussi une dimension pédagogique...
On est dans une période où il est difficile pour un jeune chanteur de faire sa place, de rencontrer les personnes adéquates... On essaye de proposer à ces jeunes chanteurs des occasions de venir travailler à nos côtés. C'est ce qu'on a pu faire dans le cadre de nos 10 ans. Une jeune compagnie « New World Opera », constituée d'anciens élèves de Grenoble partis à Genève, a monté un spectacle sur Les Noces de Figaro. Toujours dans cette optique, on a mis en place un système de premières parties de concert par des jeunes chanteurs qui figurera dans notre programmation dès l'année prochaine.
Pourquoi cet intérêt pour les chœurs amateurs ?
Il y a quelques années, on trouvait dans chaque région de France un centre d'art polyphonique. Mais petit à petit, ces centres d'art polyphonique ont cessé d'être. Et dans le milieu amateur, il existe beaucoup de demandes aussi bien de la part des chefs de chœur que des choristes qui souhaitent être formés. On veut pouvoir y répondre. Temps Relatif aimerait bien devenir une sorte de centre ressource pour toutes ces demandes. ainsi, pour les 10 ans de la compagnie, on accueille un chœur amateur Vox Clamans, dirigé par une musicienne professionnelle Christine Antoine.
Et l'avenir ?
On est dans ce désir de faire éclore quelque chose de nouveau. C'est assez excitant de voir comment on va pouvoir mettre en place les petites formes. Imaginer, créer, c'est un travail de recherche passionnant. Et puis on hâte d'être rejoints, de travailler avec des jeunes chanteurs. On a vraiment envie que ça marche.
Temps Relatif fête ses 10ans!, sur deux week-ends (15/16 juin) puis (28/30 juin) à l'Atrium (Le Fontanil)