BeO : vers le dub et au-delà

Ce vendredi 21 juin, sur la scène électro hip-hop du parc Paul-Mistral, on pourra découvrir le groupe grenoblois BeO, qui se présente comme « le reflet d'une rencontre artistique expérimentale entre le son et l'image ». Un projet intrigant et prenant sur CD. Du coup, pour en savoir plus, on est partis à la rencontre de Green Stone, qui s'occupe de la partie musicale.


Il y a des groupes locaux qui triment pour exister, cherchant vainement à attirer l'attention sur eux. Et d'autres qui suscitent l'intérêt en moins de deux. BeO est dans la seconde situation, ce qui surprend les membres du groupe – « on ne s'attendait pas à ce que ça marche si vite ! » BeO, c'est un projet à trois né il y a quelques années : Green Stone à la musique, Melvin Haze à l'image, et Yo au son (l'ancien ingé son des Mango Gadzi pour la petite histoire). Trois trentenaires, auxquels il faut aussi ajouter un quatrième : Makar, ingé lumière de la Bobine. Quatre bonhommes donc, même si la formation repose en partie sur les deux premiers.

Green Stone : « Avec Melvin, on se connaissait depuis longtemps. Lui fait pas mal de courts-métrages. Il y a une dizaine d'années, il m'a demandé de faire la musique pour l'un d'eux. » Car oui, Green Stone, Marseillais exilé à Grenoble, est musicien. « Petit, j'ai fait le conservatoire en piano, puis après de la guitare, et de la darbouka. Tout ça basiquement – je ne suis pas un grand musicien ! » Il découvre alors les joies de la musique assistée par ordinateur, qui offre la possibilité à tout un chacun de jongler avec les notes, plus ou moins à tâtons. Une sorte de révélation. « La MAO m'a permis d'amener des rythmes, avec de la batterie, de la basse, et m'a surtout permis de pouvoir faire des compositions. D'ailleurs, je suis plus un compositeur qu'un musicien. J'ai alors fait des petites choses, plutôt dub et reggae. »

« Influence dub »

Ah oui, précision de taille : BeO, c'est un son  plutôt axé dub / drum & bass, même si le spectre s'amplifie très vite. « Au départ, il y a clairement une influence dub. Quand je compose, j'ai toujours d'un côté une grosse basse, et de l'autre un son rythmique qui offre la possibilité d'élargir ensuite l'enveloppe musicale pour y glisser pas mal d'instruments. » À l'époque (il y a une quinzaine d'années), sort de son ordinateur le morceau Life, qui figure aujourd'hui sur All One, l'album de BeO : cinq minutes atmosphériques et chantantes (grâce à la voix de Desdamona, rappeuse américaine de Minneapolis) qui rappellent l'univers du Français Molécule, chantre de l'électro-dub mélodique.

Sur ce All One, paru en avril dernier, les autres morceaux se suivent avec cohérence, tout en apportant chacun leur palette auditive propre : le très électro et dansant Wild, sa rythmique imparable et sa mélodie lyrique à la flûte ; Kinema et ses sonorités orientales au oud ; ou encore le hip-hop Dynamite...

« Pas de la musique lounge »

BeO, c'est donc de la musique, mais aussi des images, le projet scénique étant présenté comme une rencontre entre les deux arts, qui s'enrichissent l'un et l'autre. Lors de la captation réalisée lors du premier concert de BeO il y a deux mois à la Chaufferie, on a pu découvrir le travail de Melvin Haze : des images filmées par ses soins, couplées à d'autres de documentaires ou de vieux films.

Green Stone : « On est une génération née avec l'image. » Certes. « On parle de l'homme face à son environnement, avec des espèces de scènes qui racontent quelque chose, même si ce n'est pas évident de comprendre totalement le scénario ! » Pas très grave, puisque de toute façon, ils n'ont pas « envie de donner un message » (même si l'on découvre tout de même des images du collectif Anonymous ou des Femen, ce qui donne tout de suite une couleur politique au film).

Mais le travail visuel très fort ne risque-t-il pas d'être amoindri lors de la Fête de la musique, sachant que le groupe se produira quand il fera encore jour, devant une foule pas forcément concentrée. « C'est évident que la musique va être un peu plus en avant que l'image. À la Chaufferie, les gens ont bloqué sur l'image, j'étais un peu frustré, j'aurais aimé que ça bouge un peu plus ! Il faut que ça danse, que ça groove. Je ne fais pas de la musique lounge ! »

Beo, vendredi 21 juin à 20h sur la scène électro hip-hop du parc Paul-Mistral (aux abords du Stade des Alpes), dans le cadre de la Fête de la musique

Vinyle All one disponible sur http://beoproject.bandcamp.com et au magasin Discorama


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