Maître corbeau


Dessins et reliefs / Observateur invétéré de la nature, inlassable collectionneur de toutes sortes d'objets de rebuts, Louis Pons a vu défiler la deuxième moitié du vingtième siècle en conservant son style et ses techniques. Entre ses innombrables dessins à l'encre de Chine (effectués par cycles) et ses reliefs (constitués des objets précités), un point commun : la même angoisse fantastique, le même tourment mortifère. Proche de ce qu'a pu produire l'art brut, son travail se veut pourtant hors de toute catégorie ; il est vrai qu'il porte la marque d'un esprit à la fois obsessionnel et décalé.

Des hachures torturées de ses dessins émergent d'étranges êtres hybrides, humanoïdes au crâne proéminent, oiseaux mal en point ou autres créatures plus ou moins imaginaires… De ses bas-reliefs tentent de s'extraire des êtres tout aussi étranges et poussant quant à eux le morbide jusqu'au repoussant. Au-delà d'une inquiétude inaugurale, on discerne dans son œuvre la patte de l'illustrateur, celui qui à la Libération fut dessinateur de presse. En plus de ses créations formelles, Louis Pons publie des livres d'aphorismes (quatre depuis les années 90), instruisant par exemple le lecteur sur l'idée que l'artiste se fait du dessin : « Griffer la page pour la faire crier, la faire sortir de son orgueilleux mutisme blanc. »

Louis Pons, braconnier de l'art, jusqu'au 30 septembre au Musée Hébert (La Tronche)


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