Éloge de la vulgarité


Commençons par rappeler une évidence : réduire le talent d'un rappeur à la technicité de son flow et à la finesse et/ou profondeur de ses textes, c'est foncer droit dans le mur. Parce que contrairement à une compétition de patinage artistique, le rap repose aussi sur une infinité de facteurs hautement subjectifs : charisme, spontanéité, personnalité, inventivité, énergie, humour… N'en déplaise aux amateurs de raccourcis hâtifs, le rappeur n'est pas (forcément) un « poète urbain », ou un « chroniqueur social à la plume acérée ». C'est parfois juste un type à l'imagination débordante qui s'invente un personnage et un univers haut en couleur par pur plaisir créatif.

Introducing Nicolas Salvadori alias Seth Gueko, rappeur trentenaire de parenté russo-italienne, originaire du Val d'Oise et désormais installé en Thaïlande. Figure de proue du label indépendant Néochrome, ce dernier a développé en l'espace d'une petite dizaine d'années un rap de rue absolument unique en son genre, mêlant pêle-mêle références à la communauté gitane et au grand banditisme, culture franchouillarde, néologismes, humour de salle de garde et punchlines percutantes au possible. Ultra-vulgaire, salace et déconneur, Seth Gueko aura sans doute du mal à prétendre au titre de gendre idéal, mais apporte en revanche une originalité peu commune à une scène rap française qui en manque souvent cruellement.

Damien Grimbert

Seth Gueko, ALKpote, L'Ange, Galactik S, Héritier du Crime et DLC, dimanche 7 juillet au Drak-Art


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Trop la Latche !