Quand on partait sur les chemins… à bicyclette !

Objet de modernité, objet populaire, objet pratique : la bicyclette a plus d'une corde à son arc. En ce centenaire du Tour de France, elle est tout naturellement mise à l'honneur dans le lieu croisant art et sport qu'est le musée Géo-Charles. Laetitia Giry


Aux antipodes des scandales entourant les performances des cyclistes post années 2000 trône l'objet à la majesté toujours intacte : le vélo, la bicyclette, le deux-roues si fameux. Inventée autour de 1820, devenue ultra populaire à la fin du XIXe siècle, symbole de l'émancipation des femmes, de la liberté de déplacement, de la vitesse inhérente à la modernité galopante, des progrès de l'industrie, la bicyclette a connu des transformations qui s'apparentent parfois à de véritables mutations.

Art et bicyclette, avant que d'offrir des points de vue d'artistes sur le sujet, présente quelques pièces historiques prêtées par le musée d'art et d'industrie de Saint-Étienne. Des bicyclettes d'antan qu'il est touchant de découvrir, qui apportent une touche de nostalgie nécessaire et ponctuent un parcours pourtant résolument tourné vers l'inventivité. En sus des photographies (de Doisneau à Cartier-Bresson), peintures et dessins présentant un aspect qui relève du quotidien et de l'appréhension à la fois populaire et historique du vélo, sculptures et installations viennent dynamiser l'espace d'exposition pour définitivement remporter l'adhésion.

Vélo dynamite

L'artiste Yann Toma présentait en 2011 au Grand Palais (à Paris) une installation monumentale intitulée Dynamo-Fukushima, par le biais de laquelle il souhaitait « inventorier la capacité du monde actuel à produire de l'énergie artistique ». Des dizaines de vélos reliés à des artères lumineuses constituaient l'œuvre participative par excellence, s'animant aux coups de pédales du public invité à faire don de cette « énergie non quantifiable, non mesurable » mais « bel et bien réelle ». Créée en écho à la catastrophe de Fukushima, l'œuvre rendait palpable la nécessité de l'énergie collective pour changer (améliorer) les choses, et le vélo se faisait ainsi le médiateur idéal.

Reconstituée (en plus petit) dans une pièce du musée, l'installation enjoue… Tout comme les sculptures de Martin Caminiti, qui allient grâce, imagination et émotion. De son Hommage à pépé, drôle de tête de taureau faite d'une selle et d'un guidon, à un dessin mural en chaînes de vélo rendues élégantes, jusqu'à Ursus, pièce étonnante, gracile, aérienne, vélo semblant sur le point de s'envoler, Martin Caminiti détourne sa matière première pour mieux signifier sa propension à stimuler l'imaginaire et élever le niveau de bien-être. Comme si la liberté offerte par la bicyclette n'avait plus d'autre limite que l'apesanteur.

Art et bicyclette, jusqu'au 3 novembre au musée Géo-Charles


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