Cabaret frappé – jour 3 : branchées les guitares

Un duo déconcertant, un trio séduisant, un juste retour au blues originel américain et un Burger fidèle à lui-même : on a eu droit à quatre groupes survoltés en ce troisième jour de Cabaret frappé. Le tout avec des guitares savamment exploitées. Eloi Weiss


« Secouer la lune » : c'est ainsi que se fait nommer le duo Heymoonshaker programmé ce mercredi 24 juillet, en plein milieu de la troisième soirée du Cabaret frappé. Deux mauvais garçons –  Andrew Balcon, guitariste et chanteur, et Dave Crowe, beatboxer surprenant – qui ont habité la scène avec une constance impressionnante. Bières en main, cigarettes au bec, le pantalon à peine remonté : leur entrée fut singulière. Provocants, mais plein d'enthousiasme donc, les deux Anglais au style blues décharné et rock électrique étaient deux et bien plus à la fois. En guise d'instruments : une seule guitare, tenue par un Andrew Balcon à la voix rauque très poussée. Et c'est tout. Enfin, presque... Car il y a Dave Crowe : le beatboxer hors pair, seulement armé d'un micro, se transforme à chaque concert en une incroyable batterie humaine. Il incarne les lignes de basse, son corps traçant dans l'air un semblant de partition. Il est un groupe de musiciens à lui tout seul, comme le sont les meilleurs beatboxers.

Sur scène, Heymoonshaker, c'est donc deux voix qui s'affrontent : l'une profonde et intériorisée, l'autre poussée à bout, comme la guitare, éreintant leurs cordes (vocales ou non) jusqu'à leur paroxysme. Fusion organique.

Pour info, c'est son passé de musicien de rue qui aura rendu célèbre Dave Crowe. Des vidéos de lui prisent à la volée ont atteint sur internet des taux de vues impressionnants.

La surprise de leur fin de concert : avoir spontanément invité à venir jouer en leur compagnie le précédent trio féminin, Theodore Paul & Gabriel : deux guitares, une basse (plus un batteur), programmées en ouverture de la soirée. Une étonnante improvisation. Le beatboxer fusionne avec la batterie tandis que le quatuor à cordes s'harmonise avec hargne.

Le pop-folk des trois guitaristes-chanteuses fut d'autant plus mis en valeur après un concert vibrant. Theodore Paul & Gabriel, c'est un univers oscillant entre le ton fougueux de Janis Joplin (dont elles reprennent le titre Mercedes Benz) et l'univers folkeux de Bob Dylan. Avec une leader au charisme évident sur scène.

La soirée se termina enfin avec le Velvet de Rodolphe Burger, dont on a déjà dit beaucoup de bien, ce concert étant passé de nombreuses fois à Grenoble. Et terminer une soirée avec Lou Reed, Nico & co, même réincarnés, c'est sympa !

Et sous le kiosque ?

À 19h, pour le concert gratuit, c'est le blues du groupe français Catfish qui a envahi le Jardin de ville. Un rock intimiste, alternatif, façon années 1920, qui fonctionne bien. Une seule guitare encore, une batterie réduite à une grosse caisse et deux cymbales qu'utilise par alternance la chanteuse à la voix granuleuse et puissante. Ici aussi ils habitent généreusement le plateau et donnent l'impression d'être beaucoup plus. Leur nouvel album Make Me Crazy illustre bien leur univers : tapisseries de grand-mère, bretelles et rouflaquettes.


<< article précédent
La reprise de l'été : "La Baie des anges"