Techno prêcheur

Véritable légende de la scène de Chicago en activité depuis plus d'une vingtaine d'années, le grand Green Velvet viendra prêcher la bonne parole house et techno à l'occasion d'un DJ-set exceptionnel ce vendredi au Vertigo. Damien Grimbert


S'il y a bien un artiste qui mérite le qualificatif de séminal, c'est à n'en pas douter Green Velvet. Issu de la seconde vague house de Chicago qui émerge à l'orée des années 90 en s'appuyant sur les bases posées par les pionniers du genre quelques années plus tôt, Curtis Alan Jones de son vrai nom fait ses débuts sous l'alias Cajmere en 1991 et s'impose rapidement comme un précurseur de premier plan. Aux côtés de la chanteuse Dajae, il signe avec Brighter Days l'un des premiers tubes de gospel house. Avec l'ultra-minimaliste mais surefficace Coffee Pot (Percolator Mix), il crée un véritable raz-de-marée dans les clubs, et pose les bases de ce qui deviendra bientôt la ghetto house. Avec son label Cajual Records et sa subdivision Relief enfin, il signe quelques-unes des meilleures pointures de la house des 90's (DJ Sneak, Paul Johnson…) et s'impose comme un promoteur infatigable de la scène de Chicago. Pour autant, c'est par le biais d'un autre de ses (nombreux) pseudonymes qu'il va véritablement percer à l'international…

Docteur Green et Mr Velvet

À travers l'alias Green Velvet, Curtis Alan Jones révèle en effet au grand jour sa personnalité aussi exubérante que charismatique, et dévoile par la même occasion son amour profond pour les sonorités technoïdes et les précurseurs européens des années 80 comme Cabaret Voltaire ou Nitzer Ebb. Alors que tant d'autres préfèrent cultiver la discrétion, il arbore fièrement une crête d'un vert fluorescent flamboyant et s'empare régulièrement du micro dans ses DJs sets pour se lancer dans des prêches haut en couleur dont on ne sait jamais trop s'ils sont à prendre au premier ou au second degré.

Rapidement les hits mondiaux s'enchainent avec une frénésie impressionnante : Preacher Man, Flash, The Stalker, Answering Machine, La La Land… La machine à tubes est lancée, et rien ne semble pouvoir l'arrêter, même pas une overdose de drogues récréatives en 2006, qui le voit néanmoins se reconvertir au christianisme et prendre ses distances avec la fête à outrance. Personnalité hors-norme de la musique électronique, en quête perpétuelle d'innovation, Green Velvet continue à l'heure actuelle de parcourir le monde pour faire vibrer les clubbers et diffuser son message d'amour universel. Et vu le plaisir qu'il semble y prendre, c'est bien tout le mal qu'on peut lui souhaiter.

Green Velvet, vendredi 6 septembre au Vertigo


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