Ne nous mentons pas, les Journées du patrimoine n'évoquent pas forcément luxe, calme et volupté ; ni fun, ni sexe, ni punk, ni rock'n'roll… Ces atouts indispensables pour donner envie aux petites crapules que nous sommes de participer à un « événement » quel qu'il soit. Mais, mais, mais, force est pour nous de reconnaître qu'il peut être fort séduisant de découvrir des lieux au cachet inégalable ou autres pratiques insolites. Pendant ces deux jours d'été vieillissant ou d'automne précoce – c'est selon –, moult églises, musées, ateliers, usines, etc. ouvrent leurs portes au plus grand des publics pour l'émouvoir à la vue des trésors que regorgent notre pays. Honneur à l'Histoire par l'entretien des murs qu'elle lègue continument, aux inventions et aux pratiques artistiques : pour leur trentième anniversaire les Journées du Patrimoine multiplient leurs propositions à l'infini. On a fouillé tout ça pour sélectionner le fin du fin et le livrer à vos mirettes étourdies et souriantes.
Du côté des petites actions plus confidentielles et par conséquent légèrement plus insolites, notons l'ouverture de plusieurs ateliers dans la ville. Ateliers de peinture et dessin, mais aussi – et c'est ce qui nous intéresse –, ateliers de vitraux. Cet art qui semble aujourd'hui émerger des temps anciens, que l'on a coutume d'admirer dans les églises des villes comme des campagnes, connaît encore des maîtres pour lui insuffler la vie qu'il mérite. L'atelier Berthier-Bessac, labellisé « Patrimoine en Isère » il y a deux ans, compte parmi les plus anciens ateliers de vitraux ayant survécu aux aléas du temps et des changements de maîtres d'œuvres… Pour ces journées spéciales, des visites feront découvrir au public les archives cumulées depuis 1860, et les activités du lieu : restauration et conservation d'œuvres anciennes, création de vitraux contemporains. Des démonstrations de savoir-faire constitueront le clou du spectacle, tout comme à l'atelier Montfollet, plus jeune (70 ans quand même), qui se consacre également à la restauration et à la création de nouveautés, employant par exemple des métaux comme l'or ou le cuivre pour orner le vitrail traditionnel d'une préciosité aussi inventive que respectueuse du vitrail originel !
Immense immeuble en face du Pathé Chavant, la bibliothèque municipale d'étude et d'information n'ouvre au public (parfois un peu frustré) que deux de ses étages. Les six autres abritent les imposantes réserves de livres de toutes sortes, patrimoine intellectuel ô combien précieux. Alors qu'au long de l'année ces étages mystérieux ne sont accessibles qu'aux employés envoyés chercher tel ou tel ouvrage par les lecteurs, ce week-end, quelques privilégiés pourront participer à des visites commentées les guidant droit dans ces lieux peu communs. Sur le thème de Stendhal et de ses pérégrinations italiennes ou dans la région, ou sur le thème du Dauphiné et de Mérimée (qui fut Inspecteur général des monuments historiques en plus de la plume qu'on le sait être), ces visites auront le double avantage de distribuer un savoir aussi sérieux qu'épique, et de faire pénétrer le visiteur dans les entraille d'un bâtiment garant du patrimoine de l'écriture telle qu'on la connaît encore - sur papier - et telle qu'elle sera sans doute bientôt obsolète, remplacée par son pendant virtuel…