Mendelson : variations sérieuses


Aussi rare que précieux dans le paysage musical français, Mendelson, le groupe de Pascal Bouaziz, n'a sorti que cinq albums en 16 ans, n'en a guère vendu, mais a toujours ébaubis un noyau de fans et critiques. C'est un fait, le dernier (triple !!) album du Nancéien est un monstre (sur lequel on trouve d'ailleurs un titre de près d'une heure, Les Heures), un véritable Léviathan du rock. Si tant est que l'on puisse encore parler de rock. Le couple, la société, le monde y apparaissent toujours, encore, au désespoir, au bord du vide ; la fin rôde et la mer monte de tous côtés avec pour seul phare une lucidité aveuglante. Mendelson comme le syndrome de Mendelson, qui… remplit les poumons de liquide gastrique jusqu'à étouffement du sujet. Voix caverneuses et revenues de tout, en spoken word hanté, on pense évidemment à Bashung, en moins joueur, aux grandes heures de Kat Onoma, en plus sombre. On songe surtout à une plume trempée dans la bile dont ont fait les encres les plus indélébiles, celles qui laissent un goût amer sur une langue engourdie, coulent au rythme d'une bande son de western post-apocalyptique, entre le Neil Young jarmuschien de Dead Man, un post-post-post-rock et un Michel Cloup atteint d'analgésie congénitale.

Mendelson, vendredi 8 novembre à 20h30, à la Bobine


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Tel à vif