20 ans de PB, 20 ans de ciné…


À sa création, le Petit Bulletin n'était qu'une page imprimée recto-verso, avec en ouverture un édito et, juste après, les programmes de cinéma. Quand le journal s'est allongé quelques mois plus tard, la première innovation éditoriale fut d'y adjoindre des critiques de films à l'affiche. Et, au fil de son développement, le cinéma est devenu la colonne vertébrale du PB, tentant semaine après semaine de faire partager coups de cœur et coups de sang, construisant une ligne éditoriale solide mais jamais rigide, où les traditionnelles chapelles "cinéma d'auteur" et "cinéma commercial" furent souvent bousculées, dans un sens ou dans l'autre.

Pour ce vingtième anniversaire, nous avons tenu à souligner cet engagement dans la défense d'un cinéma innovant, porté par des visions fortes et personnelles, en proposant tout au long de la saison un cycle en partenariat avec le Club : 20 ans de PB, 20 ans de ciné… Soit six séances pour redécouvrir des films qui ont compté au cours de ces vingt années, signés par des cinéastes passionnément défendus dans nos colonnes.

Pour débuter ce cycle, quoi de plus logique que de proposer un film qui lui aussi fête ses vingt ans ? En l'occurrence, le superbe Raining stones de Ken Loach, sorti sur les écrans français le 6 octobre 1993. Prix du jury au festival de Cannes cette année-là, il marque l'aboutissement du style Loach : un mélange de drame social et de comédie noire, où un père de famille au chômage cherche à tout prix à offrir à sa fille une robe de première communiante. Les ravages du thatchérisme sur la classe ouvrière, les restes de camaraderie qui unissent ces (r)éprouvés, les rapaces qui tournent autour de la misère et le rôle, surprenant, d'un prêtre aux préceptes loin de tout catéchisme : voilà la toile que brosse magistralement Loach dans ce film qui n'a pas pris une ride – et qui trouve même de troublants échos dans la France d'aujourd'hui.

Christophe Chabert

Raining stones
De Ken Loach (1993, Ang, 1h30) avec Bruce Jones, Julie Brown…
Lundi 23 septembre au Club


<< article précédent
Les Amants du Texas