Du poil de la bête


Tandis que Christophe Gans met la dernière main à une nouvelle version en 3D avec Léa «Cover girl» Seydoux et Vincent Cassell, ressort en grandes pompes la copie restaurée de La Belle et la Bête de Jean Cocteau. Ce n'était pas la première adaptation de ce conte aux origines floues – quelque part aux alentours du II siècle, a priori – puisqu'une version muette en fut tirée dès 1899. Mais celle de Cocteau, tournée en 1949, a forgé un imaginaire qui tient beaucoup à l'inspiration du cinéaste-peintre-poète, et dont toutes les adaptations suivantes ont dû tenir compte. Clé de voûte de l'édifice visuel, la Bête elle-même, dont la crinière fauve, les incisives limées, le regard perçant et le port altier en font un croisement entre un aristocrate décadent et un lion trop bien nourri.

C'est évidemment la fascination que Cocteau éprouvait pour Jean Marais qui transparaît dans ce monstre plus flamboyant qu'effrayant, mais c'est aussi cette fascination qui a permis au maquillage de résister à l'épreuve du temps – la beauté ne vieillit pas en art… Toute l'esthétique du film repose sur le même genre d'inventions artisanales dictées par un désir d'enchanter le monde, de la forêt scintillante aux chandeliers tenus par des mains humaines en passant par les statues aux yeux scrutateurs. Quant à la fable, qui montre le triomphe de la pureté et de l'innocence face à l'égoïsme et l'intérêt, sa candeur est toujours recevable aujourd'hui, antidote parfait au cynisme ambiant.

La Belle et la Bête
De Jean Cocteau (1949, Fr, 1h36) avec Josette Day, Jean Marais…
Au Méliès


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