"L'Histoire du soldat / L'Amour sorcier" : mention assez bien

Réunir les trois directeurs des centres de création affiliés à la MC2 pour un spectacle forcément événement : voilà le projet du diptyque composé de "L'Histoire du soldat" d'Igor Stravinsky et de "L'Amour sorcier" de Manuel de Falla. Avec donc aux commandes Marc Minkowski des Musiciens du Louvre Grenoble, Jacques Osinski du Centre dramatique national des Alpes, et Jean-Claude Gallotta du Centre chorégraphique national de Grenoble. Pour une création agréable mais finalement assez convenue.


C'est l'histoire de trois artistes (plus ou moins) installés dans les murs de la MC2, évoluant chacun dans son domaine (la musique classique pour Minkowski, la danse contemporaine pour Gallotta et le théâtre pour Osinski), livrant régulièrement de nouvelles propositions artistiques. Trois figures emblématiques d'une certaine culture grenobloise qui ont fini par bosser ensemble – une idée vieille comme le monde comme nous l'expliquait le trio en interview. Le fil directeur de leur réunion ? Un projet qui puisse laisser chacun de trois participants s'exprimer. Le choix effectué ? Un diptyque composé du ballet-opéra de chambre L'Histoire du soldat (1917) d'Igor Stravinsky et du ballet-pantomime L'Amour sorcier (1915) de Manuel de Falla, dévoilé mercredi 16 octobre à la MC2.

La soirée se découpe donc en deux parties. On a d'abord droit à une Histoire du soldat tirée à quatre épingles, où l'histoire (justement) de ce soldat pactisant avec le diable se voit agrémentée de chorégraphies énergiques. Puis vient le tour de L'Amour sorcier avec la star tant attendue : Olivia Ruiz. Une star parfaite, révélant progressivement sa voix pendant les 35 minutes de la pièce, se fondant parfaitement au sein de la compagnie Gallotta (cette seconde partie est beaucoup plus dansée que la première, qui elle convoque trois acteurs).

Sur scène, après la sobriété de L'Histoire du soldat, place aux belles chemises colorées pour les messieurs, et toute une série d'espagnolades avec les mains de la part de l'ensemble des danseurs afin d'accompagner la musique très appuyée de de Falla (qui tranche du coup avec celle de Stravinsky). On passe un bon moment, avec l'agréable impression de se retrouver en famille. Sympa quoi.

À la fin, standing ovation, tout le monde vient saluer : comédiens, danseurs, musiciens, Olivia Ruiz ; et les trois créateurs. La photo de classe est jolie, touchante même. La salle n'arrête pas d'applaudir. Il faut dire que les deux spectacles sont rondement menés, certes... Mais néanmoins sans surprise, chacun restant à sa place, évitant sciemment de dépasser les frontières imposées.

C'est justement là que cette aventure laisse un arrière-goût de déception : à vouloir trop arrondir les angles et éviter qu'un des trois concepteurs ne prenne le dessus, l'ensemble perd en force ce qu'il gagne en diplomatie. Et devient du coup une (très jolie) prison dorée pour tous les participants, public inclus.

L'Histoire du soldat / L'Amour sorcier, du mercredi 16 au samedi 19 octobre, à la MC2


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