"Swan Lake" de Dada Masilo : black Swan


Dada Masilo ? Une jeune chorégraphe sud-africaine formée à l'école bruxelloise d'Anne Teresa de Keersmaecker qui solde l'héritage des années Mandela d'une manière radicale. Comment ? En faisant du Lac des cygnes un manifeste contre la rigidité de la société sud-africaine – ici, c'est pour un homme que Siegfried se détourne du mariage qu'on lui impose. Ce n'est pas la première fois que Dada Masilo se frotte à des mythes classiques (elle a déjà relu Roméo & Juliette et Carmen à travers le prisme de son iconoclasme), mais jamais elle n'avait poussé aussi loin le métissage : des spasmes zoulous répondent aux postures romantiques, les envolées orchestrales de Tchaïkovski aux minimalismes implacables de Steve Reich, la clarté des tutus à la noirceur des peaux, l'humour et la fantaisie à la douleur et à la gravité...

Autant de frictions qui font de ce Swan Lake un monument de courage et d'humanité. Car ce n'est pas tant la puissance évocatrice qui impressionne et émeut le plus dans le spectacle, mais l'absolue générosité des forces de la nature qui l'interprètent.  « On voit à la démarche de chacun s'il a trouvé sa route. L'homme qui s'approche du but ne marche plus, il danse » a écrit Nietzsche. Swan Lake laissent entendre que sa conceptrice, unanimement acclamée lors de la création, est sur la bonne voie.

Swan Lake
Mardi 19 et mercredi 20 novembre à 20h à la Rampe (Échirolles), et samedi 18 janvier à 20h au Grand Angle (Voiron)


<< article précédent
La Grande beauté du cinéma italien