Froides comparaisons


Quand la photographe Anne-Marie Louvet joue au jeu des sept erreurs, la différence se manifeste davantage dans l'aura de l'œuvre que dans son visuel. En 1991, l'artiste photographie trente entreprises toujours avec le même protocole : de nuit et en noir et blanc, avec un appareil argentique. Sorte d'état des lieux du paysage industriel de la région Grenobloise, la comparaison avec les photographes Becher (connus pour leurs photographies frontales d'installations industrielles) s'arrêtent ici. Les clichés du XXe siècle dégagent une forme d'authenticité qui sublime les bâtiments et leur donne une âme.

Plus de vingt après, Anne-Marie Louvet effectue un pèlerinage, armée d'un appareil numérique, et photographie cette fois les usines de jour et en couleur, mais avec la même prise de vue. Bien que les transformations liées aux constructions soient minimes, ce qui se dégage des images est profondément différent. Froids et figés, les nouveaux tirages illustrent les mutations perpétuelles de la société, poussée selon l'artiste vers une mondialisation extrême et déshumanisée. Alors que la première série tient de la poésie, la deuxième est vide et l'on ressent le changement d'identité comme une vive critique de l'économie. Un parallèle visuel subtil... Charline Corubolo

Recadrages, jusqu'au 31 mais 2014, à la Maison Bergès, Musée de la Houille Blanche (Lancey)


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