Hunger games : l'embrasement


Le premier volet de Hunger Games n'était pas fameux, mais il était curieux. Par ses choix de mise en scène presque arty, mais aussi par la fascination totale de son réalisateur Gary Ross envers Jennifer Lawrence, qu'il filmait sous toutes les coutures, en action ou en train de ne rien faire, iconisant à l'extrême son héroïne dans un film qui, par ailleurs, n'allait au bout de rien.

Entre les mains de Francis Lawrence, ce Battle royale pour les nuls vire à la catastrophe light, se transformant en une énième série télé pour grand écran où tout devient lisse : enjeux, personnages, violence (inexistante), sexualité – il faut voir comment on filme une fille se dénudant pour comprendre le degré de puritanisme dans lequel s'enfonce ce cinéma mainstream pour ado… Surtout, passées les vingt premières minutes qui essaient vaguement de retrouver les questions politiques timidement soulevés par la première partie, Hunger games : l'embrasement ne fait qu'en reprendre le déroulé hyper attendu, renouvelant ses seconds rôles – forcément, les autres se sont tous faits dessouder dans le précédent – sans arriver à les développer au-delà de leur fonction initiale.

Francis Lawrence, de toute façon, ne se concentre que sur sa spécialité : les animaux virtuels qu'il recase à chacun de ses films, qu'ils soient fantastiques (Je suis une légende, Constantine) ou mélodramatiques (De l'eau pour les éléphants). Jennifer Lawrence n'est plus du coup qu'un élément de la tapisserie générale, et non cette comédienne aussi revêche que son personnage de rebelle révolutionnaire. On rêverait qu'elle pose comme condition pour la suite d'engager un vrai cinéaste plutôt que le premier yes man venu. On peut toujours rêver…

Christophe Chabert

Hunger games : l'embrasement
De Francis Lawrence (ÉU, 2h26) avec Jennifer Lawrence, Liam Hemsworth…


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