Rêves d'or


Le titre français est trompeur : les « rêves d'or » remplacent une « cage dorée » originale qui donnait la véritable couleur de ce premier film : un mélange de ténèbres et de lumière, d'espoir et de lucidité. L'espoir, c'est celui de trois adolescents, deux garçons et une fille voulant faire oublier qu'elle en est une, qui quittent le Guatemala direction Los Angeles. Ils sont vite rejoints par un quatrième gamin d'origine Indienne, qui ne parle pas leur langue et qui suscite des réactions diverses chez ses nouveaux compagnons. La lucidité, c'est celui d'un récit dont la progression est surtout affaire de soustraction, puisque chaque épreuve traversée aura raison des rêves des protagonistes, sinon des protagonistes eux-mêmes.

Diego Quemada-Díez réussit lui aussi à entremêler des sentiments contradictoires : Juan, le leader du groupe, paraît intrépide, mais n'arrive pas à prendre le premier train en marche. Sara, elle, paraît attirée par le jeune Indien, mais c'est finalement avec Juan qu'elle passera une nuit. C'est la part d'enfance du film, son côté solaire, celle où le quotidien, la camaraderie et le désir prennent le pas sur le danger qui guète. Ce genre de stase se retrouve dans une mise en scène qui sait provoquer de la sidération en filmant des dizaines de migrants agglutinés sur des wagons ou une fête libératoire après de longs jours de corvée.

Quemada-Díez montre ainsi l'innocence se fracasser contre la violence de la réalité. Au bout du voyage, toutefois, il y a encore pire : la simple horreur quotidienne du travail qui attend les immigrés, et que Quemada-Díez ne peut qu'adoucir par quelques flocons de neige, idéal devenu souvenir d'une enfance brisée.

Christophe Chabert

Rêves d'or
De Diego Quemada-Díez (Mex-Esp, 1h48) avec Karen Martínez, Rodolfo Dominguez…


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