Au Moderne, il y a du ravissement pour les papilles et les pupilles. Actuellement présenté sur les murs du restaurant, le peintre Alex Bardel tisse une trame narrative figurative sur laquelle vient se greffer des collages absurdes, de toutes les couleurs, rendant les scènes surréelles.
Sous l'apparent éventail coloré et le fond bleu pimpant repris sur chaque toile se cache une analyse acerbe de la société. Extraits de réclames ou de comics des années 1950, des figures d'autorité, tel que le Christ, Louis XVI ou encore Mao Zedong, se trouvent calqués dans des univers délirants où se côtoient des personnages stéréotypés du XXe siècle comme la ménagère et sa boite Campbell ou l'enfant sournois et son savon Cadum. La couleur prend alors une place primordiale : des boites de conservations, rendues célèbre par Warhol, s'échappent des vers radioactifs qui contaminent la tête du Christ, tandis que le champignon qui sert de coiffe à un enfant arbore des couleurs inversées à celles de la nature comme pour signifier la nuisance de l'homme, justifiée par le titre de l'œuvre Fukushimaldetête. Dans ce parcours visuel, les symboles, distillés aux quatre coins, sont triturés pour ouvrir le champ du critique, mais toujours avec une vision colorée. Charline Corubolo
Alex Bardel, jusqu'au jeudi 2 janvier, au restaurant Le Moderne