La parole est à la nuit grenobloises

On a rencontré différentes associations qui animent les nuits grenobloises. Avec, à chaque fois, le même jeu de trois questions. Propos recueillis par Damien Grimbert et Aurélien Martinez


1/ Qu'est-ce qui vous motive à organiser des soirées ?

2/ Quels sont selon vous les clés d'une vie nocturne réussie ?

3/ Nouvelle année oblige, quels sont vos vœux pour les soirées grenobloises en 2014 ?

MixLab

1/ Alban Sauce : Quand on a commencé les premières soirées Interface au Bar MC2 en 2006, il n'y avait pas grand-chose en terme de techno et de house. Nous, on avait simplement envie de faire partager ce qu'on aime.

Jean-Philippe Duroux : Pareil, quand on a commencé avec Je déteste la musique, ce mélange de musique électronique et de hip-hop qu'on jouait n'était pas du tout représenté à Grenoble, et on voulait faire découvrir les artistes qui y étaient liés.

2/ JPD : Une vraie scène fédérée, où toutes les petites structures se regroupent, se soutiennent les unes les autres.

AS : À Lyon par exemple, il y a du respect entres tous les organisateurs. Toutes ces rumeurs qui circulent en ce moment sur la Belle électrique [la nouvelle salle de musique qui va ouvrir quartier Bouchayer-Viallet à la rentrée 2014 – ndrl], je trouve ça vraiment négatif. Ce qu'il faut, c'est de plus en plus de lieux, les mêmes autorisations pour tout le monde, de vrais efforts de programmation avec des artistes singuliers, un bon accueil du public, un bon état d'esprit...

JPD : Et une vraie diversité musicale aussi, c'est hyper important.

AS : Si au lieu de se tirer dans les pattes, on bossait tous ensemble, ça créerait un effet d'entraînement positif pour tout le monde.

3/ AS : Que la Belle électrique ouvre enfin, qu'il y ait de plus en plus de soirées dans tous les styles, et qu'on arrête avec toute cette défiance débile entre assos.

Eddy Rumas et Bass Jump

1/ Pipo Loco : C'est l'artistique pur et dur. Avec Eddy Rumas, on est sur de la house'n'bass, un courant pas du tout représenté à Grenoble – ni même en France. On a donc eu envie d'apporter quelque chose de nouveau à la ville vu qu'on ne se retrouvait pas du tout dans l'offre de soirées proposée.

Matt Tracker : Chez Bass Jump c'est à peu près pareil, d'où le fait que l'on travaille ensemble sur la promotion de la scène bass music [ils co-organisent le festival Bassodrome – ndlr]. Chez Bass Jump plus particulièrement, on défend la scène drum'n'bass depuis dix ans. On écoute ce son à la maison, dans la voiture, on souhaite le partager, avec ce sens de la fête et l'idée de soirées récurrentes pour se retrouver.

2/ MT : D'avoir des lieux ouverts tard. Pas 3 ou 4 heures du matin, mais 5 voire plus pour avoir vraiment la possibilité de dérouler une soirée.

PL : Et qu'il y ait une diversité artistique. Même si Bass Jump ou nous faisions des soirées toutes les semaines, ça soulerait le public, et artistiquement, ce ne serait pas cool.

3/ PL : Qu'il y ait plus de salles au-delà de la réouverture tardive de l'Ampérage et du Drak-Art. Il faudrait au moins quatre ou cinq salles pour que tout le monde soit représenté. Même des salles de 200 personnes pour des trucs plus pointus...

Musact

1/ Baptiste Pierre : C'est quelque chose de naturel. Dans les associations, pour moitié, il y a de simples bénévoles. Et puis l'autre moitié, ce sont des artistes qui ont envie de jouer, de se produire. Le fait d'être dans une association les propulse, leur permet de rentrer dans un réseau...

2/ Qu'il y ait de nombreuses associations, qui soient spécialisées dans leur esthétique... Je trouve que c'est mieux d'un point de vue culturel d'avoir 70 associations dans des choses très pointues et qui soient au top avec les derniers artistes à défendre qu'un programmateur tout seul qui va être généraliste et qui, du coup, fera sans doute des choses moins bien... Et il faut aussi qu'il y ait le plus possible de lieux, de jauges différentes... Voire que les soirées se délocalisent dans des endroits qui ne sont pas forcément dédiés à ça. Des lieux qui s'ouvrent pour une nuit par exemple, comme la Bastille, l'anneau de vitesse, le parc Paul-Mistral... S'il n'y avait que des soirées ici [on a réalisé l'interview à l'Ampérage – ndlr], ce serait bien mais pas suffisant.

3/ D'avoir toujours deux salles de 300 places en plus de la future Belle électrique qui va rajouter un gros plus. Et que le quartier Bouchayer-Viallet devienne un véritable pôle artistique.

Avalanche

1/ Sacha Benhamou : Quand on a commencé il y a trois ans, il n'y avait pas énormément de soirées, pas beaucoup d'alternatives. On voulait que ça bouge plus à Grenoble, proposer plus de choix, et faire venir des artistes que personne ne faisait venir.

2/ Une bonne politique culturelle à la mairie ! Et aussi qu'il y ait plus d'ouverture de la part des patrons de bars envers les musiques alternatives. Finalement, il y a peu de bars qui soient prêts à nous accueillir, et aucun, à part le Mark XIII, qui se revendique vraiment bar musical. Pareil au niveau des boîtes, en terme de programmation musicale, il y a peu d'ouverture, à part un peu au Vertigo ou au George V. Souvent, il y a un manque d'intérêt de la part des tenanciers, peu de prise de risque… Une vie nocturne réussie, ça tient à peu de choses, un public ouvert à différents styles musicaux, des lieux sympas, et des autorités locales suffisamment permissives et compréhensives.

3/ Qu'on laisse l'Ampérage et le Drak-Art ouvrir tard. C'est très bien que la Belle électrique ouvre, mais ça ne suffira pas à accueillir tout le monde. Que d'autres bars, d'autres lieux ouvrent, que de nouvelles orgas se créent pour prendre le relais, et que tous ensemble, on arrive à proposer une bonne programmation pour l'année.


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